Évitons la caricature et la mauvaise foi. Les syndicats des salariés sont favorables au compte pénibilité, alors que leurs homologues patronaux freinent des quatre fers ; vous avez clairement choisi votre camp !
Oui, certains salariés s'exposent volontairement à la pénibilité. Le responsable des ressources humaines d'EADS nous a ainsi expliqué en audition que les salariés voulaient travailler en 3x8 – donc la nuit – parce qu'ils étaient payés davantage. Vous estimez d'ailleurs que ce type d'arbitrage relève de la liberté de chacun.
Monsieur Vigier, la question des retraites excède le seul sujet du financement ; il s'agit, plus globalement, de trouver la bonne articulation entre vie professionnelle et vie après le travail. C'est ainsi par exemple que nous proposons d'aménager la possibilité d'une sortie progressive de la vie active. Le compte pénibilité offre un nouveau droit aux salariés ; loin de rester formel, ce droit – que le salarié n'aura plus à négocier – se traduit en temps et éventuellement en argent pour se former. Mais il n'empêche pas les entreprises de travailler sur la prévention ; les deux se complètent au contraire dans une sorte de co-traitement de la pénibilité, de co-investissement entre l'entreprise et le salarié. Nous n'enlevons donc rien, nous créons un droit de plus.