Je n’en doute pas une seconde et j’en souris d’avance, monsieur le ministre.
Vous avez tout à l’heure cité le travail de nuit, qui est un excellent exemple, emblématique de la situation que nous devons traiter. Aujourd’hui, personne ne remet en doute les dix facteurs d’exposition à la pénibilité, même s’il est vrai qu’ils ont fait l’objet de longues discussions. Parmi ces facteurs, le travail de nuit est un exemple d’exposition différenciée selon le métier exercé. Si tout le monde peut comprendre que travailler la nuit durablement peut avoir un impact sur l’espérance de vie, on peut également comprendre que selon que vous êtes en charge d’un service infirmier d’urgence dans un grand hôpital ou que vous gardez des hangars, vides ou pleins, l’intensité du travail n’est pas la même, non plus que le stress et les responsabilités. Il y a donc travail de nuit et travail de nuit.
De même, l’exposition aux températures extraordinaires dans telle ou telle branche professionnelle n’aura pas la même intensité selon les métiers. Vous avez dit, madame la ministre – et j’avais indiqué la même chose quelques minutes auparavant – que l’individualisation et la médicalisation peuvent ne pas être la même chose ; je peux le concevoir. Mais le fait de traiter d’une manière univoque tous ceux qui vont être exposés à des facteurs de pénibilité du seul fait qu’ils le seront, indépendamment de la diversité des métiers qu’ils exercent, peut provoquer à terme des injustices.
C’est la raison pour laquelle je plaide pour que, non pas l’interprofession – dont on sait qu’elle n’a pas réussi à se mettre d’accord sur le sujet, Régis Juanico l’a rappelé – mais les branches professionnelles, dont certaines sont déjà très actives sur le sujet, puissent traiter chacune pour son propre compte les dispositions de compensation de pénibilité qu’elles souhaitent mettre en place pour leurs salariés.