Intervention de Michel Zumkeller

Séance en hémicycle du 11 octobre 2012 à 15h00
Formation aux cinq gestes qui sauvent face à un accident de la route — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Zumkeller :

Madame la présidente, madame la ministre, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, comment sauver des vies sur la route ? C'est une question qu'en tant que législateur et que citoyen nous devons nous poser, quelles que soient nos convictions politiques.

Il est important de rappeler les chiffres : 69 000 accidents de la route ont lieu chaque année, 100 000 personnes sont blessées, 4 000 d'entre elles sont handicapées à vie et 4 000 meurent. Au total, en plus de quarante ans, plus de 380 000 personnes sont décédées des suites des accidents de la route. Derrière ces chiffres, il y a des drames humains, des familles déchirées, que ce soit à cause d'une conduite à risque ou d'une simple faute d'inattention.

Il y a des années que la prise de conscience a eu lieu et les gouvernement successifs, depuis les années 1970, ont beaucoup fait évoluer les choses : limitations de vitesse, ceinture de sécurité, permis à points… On ne compte plus les réformes, les comités interministériels, les missions visant à endiguer le fléau. Malgré tout cela, aujourd'hui, il faut encore franchir une étape supplémentaire.

Entre 2000 et 2010, le nombre des tués sur la route a diminué de moitié. En 2006, notre pays est passé sous la barre des 5 000 morts par an.

Ainsi, en quarante ans, ces dispositions ont permis de sauver, en quelque sorte, 320 000 vies.

Le bilan reste cependant lourd et le coût social est énorme : 23,4 milliards d'euros, soit environ 1,3 % du PIB. Indéniablement, en matière de sécurité routière, l'enjeu social et humain s'ajoute à l'enjeu politique.

À tout moment, en tous lieux, chacun d'entre nous peut être confronté à un accident de la circulation. Combien d'entre nous sauraient alors quelle attitude adopter ? Combien d'entre nous sauraient avoir les bons gestes alors même que la vie de la victime est en jeu ?

En pareilles circonstances, chaque geste compte, chaque minute qui passe est cruciale pour la survie de la victime. L'exemple des arrêts cardiaques est flagrant : sans prise en charge immédiate, plus de 90 % d'entre eux sont fatals. Chaque minute passée équivaut à 10 % de chances de survie en moins.

Aujourd'hui, moins de la moitié de la population française est formée aux premiers secours. Il est paradoxal qu'un pays comme le nôtre, compétent en matière de médecine hospitalière, puisse être défaillant en matière d'apprentissage des gestes de premiers secours.

Il est regrettable que nous n'ayons jamais perçu comme une évidence la nécessité d'intégrer à l'examen du permis de conduire une formation à ces gestes. Aujourd'hui, nous avons enfin l'occasion de le faire, en adoptant une mesure de bon sens, l'occasion de faire oeuvre utile en faveur de la sécurité routière, d'apporter une vraie réponse à un problème récurrent par une formation dont on souligne qu'elle a déjà été mise en place dans plus de quinze pays d'Europe. La disposition proposition est simple et concrète : il s'agit d'ajouter aux deux épreuves actuelles de l'examen du permis de conduire une troisième épreuve, ou un certificat – quelque chose qui permette de valider l'acquisition des notions élémentaires de premier secours.

S'y former est un acte citoyen et quelques heures suffisent pour apprendre ces gestes qui permettent de sauver des vies. Cette idée, déjà évoquée à de multiples reprises depuis 1974, qui a fait l'objet de nombreuses propositions parlementaires depuis cette date, pourrait avoir des effets positifs immédiats : entre 250 et 350 vies pourraient être sauvées.

Certes, l'article 16 de la loi du 12 juin 2003 mentionne déjà une formation aux gestes qui sauvent mais, dans les faits, celle-ci n'existe pas, le décret n'a pas été pris et l'application de cette disposition reste, pour l'instant, très marginale. Or c'est de favoriser une diffusion de masse de cette formation que nous avons besoin aujourd'hui.

Ce texte est également l'occasion de poser des problèmes plus larges, comme celui de la formation et de la prévention en matière de sécurité routière.

Ainsi que l'ont rappelé les membres de la mission d'information relative à l'analyse des causes des accidents de la circulation, la sécurité routière s'apprend. La formation, à tout âge de la vie et en toutes circonstances, est donc primordiale. Elle demeure cependant perfectible.

L'apprentissage de la conduite dans notre pays doit être encouragé et facilité. Considéré comme un véritable passeport de l'insertion professionnelle, le permis de conduire tel qu'il est conçu actuellement est très coûteux et les délais d'attente sont assez longs : il est donc très important d'inscrire cette mesure de formation aux gestes de premiers secours dans un cadre global.

Ces éléments peuvent expliquer en partie une augmentation importante du nombre de conducteurs sans permis de conduire, estimé – même si c'est toujours très délicat – à 450 000.

Enfin, nous devons garder à l'esprit que le permis de conduire n'est pas un sésame à vie que l'on obtiendrait à dix-huit ans : c'est, en réalité, une autorisation de conduire. Il ne constitue pas une garantie de sécurité, le taux de mortalité des jeunes conducteurs demeurant très élevé.

Il est donc primordial que les titulaires du permis de conduire puissent prendre conscience des conséquences que peut entraîner une mauvaise conduite et se responsabiliser. La formation aux gestes qui sauvent est l'étape suivante, l'étape indispensable pour améliorer encore la sécurité de nos routes.

Mes chers collègues, parce que la lutte contre la mortalité routière et la diminution du nombre de blessés graves constituent un enjeu capital, le groupe UDI soutient la proposition de notre collègue d'intégrer à l'examen du permis de conduire la formation aux cinq gestes qui sauvent.

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