J'observe que les parcours de désendettement réussis, ceux qui ne débouchent pas sur un assèchement de la puissance publique, sont des chantiers qui combinent effort fiscal, réforme de l'action des administrations, examen minutieux des dépenses publiques, réflexion sur l'articulation des pouvoirs centraux et territoriaux, souci de pédagogie et de lisibilité. Bref, cela demande du temps et aussi l'implication du Parlement. Et c'est ce que nous faisons. Toutes ces dimensions et toutes ces réformes sont à l'ordre du jour. À nous, ministres, de les réussir et de présenter des résultats aux Français et à leurs représentants.
Enfin, l'effort doit être partagé, mais il doit être différencié pour ne pas nuire à la croissance. Il doit être partagé entre le secteur public et le secteur privé, partagé aussi au sein des administrations publiques pour ne pas avoir d'angle mort dans l'effort de redressement. Il doit aussi être différencié pour aller chercher les marges de manoeuvre là où elles existent sans peser uniformément sur les moteurs de la croissance. Il est, j'en suis convaincu, économiquement efficace de procéder ainsi.
J'ai évoqué le passé, notamment celui de la gauche. 1981 nous apprit l'impossibilité de la relance isolée, et 1983 nous aura appris qu'un prélèvement sur le pouvoir d'achat des ménages et une réduction brutale des dépenses de l'État, dans un contexte de dégradation des grands équilibres et de faible compétitivité, n'offrait pas une voie de progrès suffisante. Nous tirons les enseignements de ces leçons du passé et la voie que nous empruntons aujourd'hui est différente. Certains nous reprochent, ici et au-delà de cet hémicycle, de ne pas baisser suffisamment les dépenses publiques. Je leur réponds d'abord que l'effort sur la dépense que nous conduisons est lourd, important et réparti entre toutes les administrations. Ce matin, les ministres concernés et moi-même réunissions le comité technique ministériel, et je puis vous assurer qu'à notre place personne ne supporterait qu'on puisse dire, alors que l'on réduit les dépenses de fonctionnement et d'intervention et que l'on supprime 2 350 emplois à Bercy, qu'il n'y a pas d'effort sur la dépense. Je défie quiconque de l'affirmer de bonne foi et de façon crédible. Je leur réponds ensuite que ce qu'ils proposent est un non-sens économique qui condamnerait une activité déjà durablement et durement affectée.