Intervention de Jérôme Cahuzac

Séance en hémicycle du 16 octobre 2012 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2012 à 2017 — Présentation des deux projets de loi

Jérôme Cahuzac, ministre délégué chargé du budget :

Monsieur le ministre, monsieur le président de la commission des finances, monsieur le rapporteur général, mesdames et messieurs les députés, cette semaine le Parlement va examiner la loi de finances pluriannuelle et la loi de finances initiale pour 2013.

La semaine prochaine, avec Marisol Touraine, je vous présenterai le projet de loi de finances pour la sécurité sociale. En fin d'année, il y aura la loi de finances rectificative. Nous débutons donc aujourd'hui l'examen d'un ensemble dont toutes les parties se tiennent et se complètent, qui porte sur des sujets graves et auquel le Gouvernement tient.

Nous y tenons car il doit s'opérer une rupture avec les politiques menées par les précédents gouvernements ainsi qu'avec une pratique plus ancienne encore, et qui ont abouti à un endettement tout à fait insupportable. Nous devons rompre avec cet endettement, nous en départir pour des raisons connues de tous, que nombre d'entre vous ont pu exposer à cette tribune au cours de cette mandature ou de la précédente, quelles qu'aient été les fonctions des uns et des autres.

Oui, il faut rompre avec cet endettement. C'est une question de respect de la parole donnée, de souveraineté nationale : qu'on le veuille ou non, quand le stock de dette atteint 90 % du PIB, nous dépendons du bon vouloir de nos prêteurs, figures ou institutions le plus souvent anonymes qui n'ont de comptes à rendre à personne et surtout pas, contrairement à nous, au peuple auquel nous devons notre présence ici.

Nous devons nous désendetter car, ainsi que Pierre Moscovici l'a rappelé, cet endettement est véritable impôt à la naissance pour les générations de nos enfants et petits-enfants. Il est moralement insupportable de donner l'impression de vivre ainsi sur le dos des générations futures.

Comme l'a rappelé le ministre de l'économie et des finances, le désendettement est aussi un élément essentiel de la compétitivité de nos entreprises, pour au moins deux raisons.

Premièrement, tant que la puissance publique asséchera le marché d'autant de liquidités, ce sont autant de liquidités qui ne s'investiront pas dans le secteur productif pour créer de la valeur, de la richesse, des emplois et permettre à la France de jouer son rôle dans la compétition commerciale internationale.

Deuxièmement, tant que le désendettement ne sera pas réalisé de manière satisfaisante, notre pays sera menacé par une augmentation des taux d'intérêt auxquels il emprunte. Nous savons bien qu'il n'est pas d'entreprises pouvant emprunter à des taux inférieurs à ceux auxquels le pays dont elles ressortent emprunte lui-même. Le désendettement est aussi un élément de compétitivité dont on parle peu – il n'a été question que de la compétitivité prix, au cours de ces derniers mois – alors qu'il est pourtant essentiel.

Ce désendettement a été affirmé par le candidat François Hollande ; il a été confirmé par ce candidat une fois élu Président de la République ; il a été assumé par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et par l'ensemble des membres du Gouvernement. Ce désendettement, j'en suis certain, toute la majorité parlementaire en a compris la nécessité et concourra à sa réalisation par ses votes.

Il faut nous désendetter, c'est-à-dire en finir avec une équation impossible dont les termes ont été posés avec vigueur au cours des dix dernières années, peut-être avec entrain durant les années précédentes. Cette équation impossible a été voulue pour des raisons politiques, je n'ose dire idéologiques, par ceux qui nous ont précédés. Ils estimaient que réduire les moyens de l'État contraindrait la puissance publique à diminuer son intervention, que réduire les recettes obligerait à diminuer les dépenses.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion