Intervention de Hervé Mariton

Séance en hémicycle du 16 octobre 2012 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2012 à 2017 — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHervé Mariton :

Votre stratégie est invisible, elle est incohérente, et nous l'avons mesuré la semaine dernière lors du débat sur le projet de loi autorisant la ratification du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l'Union économique et monétaire. Vous avez foulé vos promesses pour tenir un engagement européen dont vous ne pouviez pas vous échapper, en réalité sans y croire.

Nous ne jouons pas la stratégie du pire, nous ne souhaitons pas l'échec de la politique de la France, fût-ce votre politique, parce qu'il y va de l'économie de notre pays, des emplois de nos concitoyens et de l'intérêt supérieur. Mais quand un Gouvernement, de toute évidence, ne croit pas dans la stratégie qu'il se trouve obligé de mettre en oeuvre, comment voulez-vous que cela fonctionne ? Comment voulez-vous que la discipline à laquelle vous appelez nos concitoyens soit partagée ? Comment voulez-vous les convaincre ? Là encore, le débat d'hier soir était très éclairant. En réalité, quand on ne veut partager, ni avec le Parlement, ni avec la Commission, ni avec les Français les enjeux de fond, on se contente de débats sur la forme. Comment organiser les débats entre la Commission, le Parlement européen, les parlements nationaux et le Gouvernement : voilà un sujet absolument passionnant, mais il y a d'autres urgences que celle-là pour redresser notre pays.

Incohérence, je l'ai rappelé et je le redis car ce n'est pas mineur, car après l'avoir entendu il y a dix jours on pouvait penser que cet épisode était dépassé : c'est la contestation de l'objectif des 3 % par le président Bartolone. Il n'y a pas ici de procédure qui nous permette d'interroger le président de l'Assemblée nationale, mais il serait bien qu'un jour il nous explique ce qui justifie son analyse et comment il l'articule avec celle de la majorité et du Gouvernement.

Incohérence, monsieur le ministre, dans la trajectoire que vous poursuivez – en réalité d'augmentation des dépenses. J'y reviendrai, vos chiffres sont faux, les efforts que vous avez annoncés sont surévalués : il n'y a pas, de votre part, l'effort d'économie sur les dépenses que la situation de notre pays justifierait.

Lors des questions au Gouvernement, vous avez dit quelque chose qui n'était pas exact. La plupart des économistes considèrent que la meilleure stratégie de conciliation entre la rigueur et la croissance n'est pas le matraquage fiscal que vous préparez, mais consiste à faire des économies dans les dépenses. En réalité, vous n'avez pas ce courage.

Vous n'avez pas ce courage parce que votre politique est injuste. Au fond il pouvait être énervant, au début de ce mandat, de vous entendre affirmer de manière tautologique que votre politique était bonne parce qu'elle était juste et qu'elle était juste parce qu'elle était bonne… Vous nous avez stimulés et vous nous avez invités à gratter un peu : votre politique est injuste.

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