Que l'on soit ou non d'accord avec la politique budgétaire proposée par le Gouvernement et la majorité, tous les députés savent que la France doit avoir un budget. Et pour avoir été parlementaire de l'opposition, cette règle qui n'est pas plaisante, précisément quand on se trouve dans l'opposition, je l'ai acceptée, pas forcément avec plaisir mais c'est la règle démocratique qui nous est commune.
Sur le fond, plusieurs de vos arguments méritent quelques éléments de réponse.
Nous n'aimerions pas les familles : telle est votre conclusion, peut-être un peu excessive. Après tout, qu'est-ce qui vous autorise à prétendre que vous les aimeriez davantage que M. Eckert ou que moi-même ? Sauf à estimer que distraire 450 millions d'euros de l'enveloppe du quotient familial, qui compte 13 à 14 milliards d'euros, pour aider des familles qui ne sont pas éligibles à l'impôt sur le revenu et ne bénéficient donc pas du quotient familial, à moins d'estimer, donc, que ce transfert entre familles impliquerait que nous n'aimions pas les familles ?
Je me permets de vous faire remarquer que cette somme reste à la disposition des familles. Je vous rappelle que, comme député de la majorité, vous avez voté la sous-indexation des prestations familiales, c'est-à-dire une amputation du pouvoir d'achat des familles de 600 millions d'euros, une amputation touchant toutes les familles. Si transférer 450 millions d'euros de certaines familles à d'autres revient à ne pas aimer les familles, comment qualifieriez-vous la mesure consistant à amputer leur pouvoir d'achat de 600 millions d'euros comme vous avez accepté de le faire ? Comme je vous sais précis et amoureux de la langue française, je suis certain que vous trouverez le qualificatif non seulement pour justifier ce que fut votre vote d'alors, mais également pour nous indiquer à quel degré vous aimez les familles si nous, nous ne les aimons pas…
Par ailleurs, pas plus que le président de la commission des finances, vous n'avez relevé le défi que je vous ai lancé, à moins de prendre en considération la mesure relative à l'archéologie préventive concernant les constructions. Je reconnais que vous faites très bien votre travail de député et de porte-parole de l'opposition, mais vous aurez du mal à convaincre qu'avec cette mesure-là, les classes modestes sont mises à contribution. Quoi qu'il en soit, ni l'un ni l'autre n'a en vérité relevé ce défi puisque, pour me répondre, vous vous êtes crus obligés, soit d'invoquer le projet de loi de finances rectificative, soit d'invoquer le projet de loi de financement de la sécurité sociale, mais en aucune manière le projet de loi de finances initiale.