Intervention de Laurent Furst

Réunion du 11 octobre 2012 à 9h00
Mission d'information sur les coûts de production en france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurent Furst :

Permettez-moi d'abord un commentaire relatif à la méthodologie de nos travaux. Avant d'aborder l'analyse du phénomène des délocalisations, il aurait été intéressant de mesurer son ampleur à partir de l'évolution de la balance commerciale et de la balance des paiements de notre pays et de ses échanges avec ses principaux partenaires. Nous avons en effet tendance à parler des délocalisations comme un tout. Alors que les résultats de notre commerce extérieur avec nos proches voisins se sont considérablement dégradés, nous parlons principalement des délocalisations vers les pays à bas coûts. Qu'il me soit permis de rappeler que le commerce extérieur de la zone euro est à l'équilibre, tandis que celui de la France est très déficitaire, ce qui tend à indiquer qu'elle souffre de problèmes spécifiques. Ce n'est pourtant pas dans cette direction que s'orientent nos travaux – d'où l'intérêt de procéder à une analyse statistique avant d'entrer plus avant dans les explications.

L'économie de ma région – l'Alsace – est complètement ouverte sur l'Allemagne. C'est avec un certain amusement que je constate que pour la France d'aujourd'hui, l'Allemagne est devenue l'ultime référence. Je ne nie évidemment pas qu'elle soit un poids lourd en Europe, mais il y a d'autres pays qui réussissent. Je pense par exemple à l'industrie de l'Italie du nord, dont la réussite est exemplaire, ou encore aux Pays-Bas. L'Allemagne a une tradition, une culture et un système de prélèvements obligatoires qui sont différents des nôtres. Notre complexe vis-à-vis de ce pays nous éclaire mal sur nos propres problèmes et sur les solutions qu'il convient de leur apporter. Élargissons donc notre champ d'analyse !

Enfin, nous avons tendance à concentrer l'analyse sur le coût du travail. Certes, la situation de notre pays est particulière : les salaires ne sont pas très élevés, mais le poids des charges sociales est tel que les coûts salariaux sont très élevés. On oublie néanmoins un peu facilement que, pour prendre leurs décisions d'investissement, les industriels tiennent compte non seulement des prélèvements sociaux, mais aussi des prélèvements fiscaux : le taux de l'impôt sur les sociétés est donc un élément important, de même que l'environnement législatif et le climat social.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion