Professeur, vous avez « décortiqué » les phénomènes de délocalisation de nos activités. Je suis élu des Marches de Bretagne, territoire qui a perdu en quarante ans la plupart de ses industries dans le textile, la chaussure, la cristallerie ou le granit – même s'il compte encore 40% d'emplois industriels. J'observe que vous avez peu abordé les conditions, notamment sociales, de fabrication. Vous n'avez pas non plus évoqué la baisse de la qualité des produits mis sur le marché en France. Le pouvoir des distributeurs concourt-il à expliquer que les Européens, et notamment les Français, se soient accoutumés à des qualités médiocres ? Je fais l'effort d'acheter local ; les commerçants chez qui je me fournis connaissent leur métier, mais force est de reconnaître qu'ils sont souvent contraints de vendre des produits d'une qualité plutôt moyenne.
J'aurais également aimé que vous abordiez le sujet de la traçabilité des produits. J'ai beau connaître leur marque et scruter les étiquettes, je ne sais ni d'où viennent mes chaussures, mon costume, ma chemise ou ma cravate, ni comment ils sont fabriqués. N'est-ce pas se mentir que fermer les yeux sur les conditions de production, parfois déplorables, des biens que nos entreprises font fabriquer à l'étranger ? Pouvez-vous nous en dire plus sur les rapports entre commerçants, consommateurs, centrales d'achat et grande distribution ?