Intervention de Jérôme Cahuzac

Séance en hémicycle du 16 octobre 2012 à 21h30
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2012 à 2017 — Motion de renvoi en commission

Jérôme Cahuzac, ministre délégué chargé du budget :

Je ne sais comment se passent les réunions au sein du groupe UMP, mais je décèle là une légère divergence d'appréciation. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Dans les 245 milliards de dépenses supplémentaires que vous exigez, il y a 3 à 5 milliards pour les investissements culturels, dont la Maison de l'histoire de France, projet scientifiquement très contesté. Dont aussi le projet de la tour Utrillo, à Montfermeil – une tour achetée avec l'accord de la majorité précédente et à la demande de François Fillon lui-même, paraît-il. Une tour amiantée de la cave au plafond, désormais propriété de l'État et dont on peut craindre qu'elle ne l'astreigne à des dépenses qui n'ont que fort peu à voir avec la relance que vous semblez appeler de vos voeux.

Mais surtout, il s'agit de 240 milliards d'investissements en matière d'infrastructures terrestres. J'ai deviné chez l'ancien ministre des transports et chez le rapporteur spécial du budget des transports une pointe d'amusement lorsque vous avez expliqué qu'il fallait faire tout cela. Vous semblez ignorer, monsieur le député, que ces investissements sont financés grâce à l'Agence de financement des infrastructures de transport de France, qui, sous la majorité précédente, était dotée de un à deux milliards par an. Vous venez donc d'envisager benoîtement, mais vous avez manifestement l'éternité devant vous, entre un et deux siècles et demi de politique publique (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC). C'est une longue vie que vous nous prédisez à la direction des affaires de ce pays et je vous remercie de ces encouragements implicites, certes, mais que j'ai néanmoins pris comme tels.

Il faudrait retourner en commission encore parce que les journalistes, les artistes et nos compatriotes d'outre-mer – j'ignore si la liste est exhaustive dans votre bouche – voteraient pour nous. Cela me paraît inutile. Faire ce que nous avons dit pendant la campagne suffira peut-être. Je regrette simplement que, du haut de cette tribune, vous ayez jugé bon de stigmatiser les uns parce qu'ils habitent outre-mer et les autres parce qu'ils exercent telle profession. Vous vous arrangerez avec eux. Mais vous comprendrez que ni le Gouvernement, ni la majorité, ni probablement non plus les très nombreux de vos amis qui en dépit de cela vous ont applaudi n'approuvent de tels propos. Je serais fort surpris s'il en était autrement.

Vous avez dénoncé la politique familiale, et je vous fais la même réponse qu'à M. Mariton : vous avez voté la sous-indexation des prestations familiales, ce qui représente une perte de pouvoir d'achat de 500 millions pour toutes les familles. Nous proposons de déplacer 450 millions – de certaines familles vers d'autres certes, mais qui restent au service des familles. Je vous laisse à vos contradictions, sans bien comprendre comment vous pourrez les résoudre.

Vous nous accusez de créer des emplois par milliers. Lisez le projet de budget, monsieur le député, surtout étant chargé d'une motion de renvoi en commission : vous et surtout votre groupe y gagnerez en crédibilité. C'est en toutes lettres dans les documents officiels que vous avez sûrement consultés puisque vous êtes désormais membre de la commission des finances : il y aura l'année prochaine une suppression nette de 2 317 emplois. Et puisque vous avez évoqué les sous-préfectures, pour ce qui est du ministère de l'intérieur et en dehors de ses missions protégées, c'est-à-dire les missions de sécurité, il y aura une suppression de 614 emplois.

J'ai déjà entendu un certain nombre de motions de procédure et il m'est même arrivé d'en défendre quelques unes. Mais en vous écoutant me revenait en mémoire la maxime de Talleyrand selon laquelle tout ce qui est excessif est de peu d'importance. Même prononcés sur un ton patelin, les propos excessifs demeurent de peu d'importance.

Et je place dans cette catégorie votre jugement selon lequel le Président de la République réfléchirait davantage que les députés. Peut-être avez-vous raison, mais si tel est le cas, vous constaterez que le changement, c'est effectivement maintenant car sous la précédente mandature, ce n'était sûrement pas le cas. (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste, GDR et RRDP.)

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