Intervention de Gaby Charroux

Séance en hémicycle du 16 octobre 2012 à 21h30
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2012 à 2017 — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGaby Charroux :

Nous ne contestons pas davantage votre volonté de mettre fin à la stratégie d'assèchement des finances publiques poursuivie délibérément, depuis dix ans, au bénéfice des plus aisés et des grandes entreprises. Nous regrettons, toutefois, la restriction des dépenses budgétaires et l'augmentation des charges que subiront nombre de nos concitoyens aux revenus modestes et moyens.

Vous faites de la réduction des déficits l'instrument privilégié de la réduction de la dette au détriment de tout le reste. Or c'est la croissance, nous semble-t-il, qui nous permettra de réduire nos déficits et non la réduction des déficits qui fera advenir, comme par miracle, la croissance.

En vous fixant pour objectif de faire revenir les déficits publics sous la barre des 3 % l'an prochain, vous empruntez une voie risquée. Cet objectif nous paraît difficile à atteindre et, s'il doit l'être, ce sera au risque de plonger, nous le craignons, l'économie française dans la dépression et, au bout du compte, d'accroître encore l'endettement public comme le montrent les exemples de l'Italie, de l'Espagne ou encore de la Grèce, et ce si la croissance n'est pas au rendez-vous attendu – autour de 0,8 % – ce qui obligerait notre pays et notre gouvernement à trouver encore deux ou trois dizaines de milliards d'euros.

Votre projet de loi de programmation prévoit de nouvelles réductions d'effectifs dans la fonction publique – 2 % en moyenne d'ici à 2015 –, de nouvelles coupes dans les dépenses de fonctionnement des ministères – 5 % d'ici à 2015 –, un quasi-gel des investissements, la réduction des concours de l'État aux collectivités locales de 750 millions d'euros par an à compter de l'an prochain… Ces décisions se traduiront, je le crains, par une dégradation des conditions de vie de nos concitoyens et aussi une dégradation des services publics que les efforts consentis en matière d'éducation, de justice ou de sécurité ne suffiront sans doute pas à compenser.

Par ailleurs, les collectivités locales réalisent, aujourd'hui, plus des deux tiers des investissements publics. Elles seront, demain, privées de la possibilité de le faire, avec des conséquences, là encore, très concrètes sur la vie quotidienne de nos concitoyens : baisse de la qualité ou renchérissement du coût des services de santé ou de transport, difficultés accrues sur le terrain des aides sociales... Vous avez décidé d'opter pour la rigueur afin de mieux « préparer l'avenir », soit ! Mais préparer l'avenir, c'est, selon nous, également autre chose. C'est faire de la croissance et de l'emploi les priorités d'action de la gauche. C'est réhabiliter l'impôt en permettant à nos concitoyens d'en voir les fruits dans les dépenses publiques utiles. C'est chercher à réduire évasion et niches fiscales. C'est développer l'investissement public et privé avec l'appui d'un pôle financier public à même de desserrer l'étau des contraintes extérieures. C'est, enfin, donner à l'État, aux collectivités et aux établissements de santé, les moyens de faire face à leurs missions dans l'intérêt de tous.

Vous le comprendrez, nous exprimons, en conséquence, des réserves inquiètes sur le projet de loi de programmation et le projet de loi de finances qui nous sont présentés aujourd'hui.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion