Monsieur le président, monsieur le ministre délégué, mes chers collègues, il me revient d'intervenir le dernier devant une majorité mobilisée et des rangs clairsemés à ma droite.
C'est bien dommage car le projet de loi de finances pour 2013 s'inscrit dans le contexte de la plus grave crise que nous ayons connue depuis 1929. Cette crise n'est pas seulement le résultat de la dérégulation financière, des excès de la finance et de l'égoïsme sans fin des spéculateurs et des rentiers qui renforcent jour après jour le mur de l'argent, véritable rupture entre ceux qui s'enrichissent en dormant et ceux qui s'appauvrissent en travaillant.
Ce que je vais vous dire ne va pas vous plaire, chers collègues de l'opposition, la crise c'est aussi le résultat des « dix calamiteuses » : une décennie de régressions, de résignations et de démissions devant les difficultés ; une décennie de confusions, de reniements et de renoncements ; une décennie de divisions et de tensions dans notre pays. Heureusement pour nous, ces dix calamiteuses ont pris fin le 6 mai 2012 : les Françaises et les Français ont tranché.
Mes chers collègues de l'opposition, vient maintenant le moment de sans doute vous plaire : imaginez un seul instant que Nicolas Sarkozy ait été réélu. Quel aurait été le projet de loi de finances pour 2013 ?
D'abord, le matraquage fiscal des classes populaires et des classes moyennes avec la TVA dite sociale – vous avez d'ailleurs créé de nombreuses taxes en dix ans, vous avez assommé les travailleurs, accablé les Français, cassé la croissance et achevé la confiance.
Vous avez ensuite accru les déficits publics et la charge de la dette. Les intérêts payés aux banques chaque année représentent aujourd'hui quatre fois plus que ce que l'État investit pour l'avenir. Cet écart aurait encore augmenté, se serait aggravé.
Vous avez financé à crédit la baisse des impôts des plus aisés. Avec le bouclier fiscal, vous avez réussi à financer l'accumulation de la rente privée des plus aisés par la dette publique de tous. Après l'effet d'éviction, vous avez inventé l'effet d'accumulation. Vous avez vidé les poches des classes moyennes. Vous auriez continué sans nul doute dans cette impasse tant vous êtes empreints de dogmes et d'idéologie.
La RGPP aurait continué avec son lot de suppressions de postes dans l'éducation, la police, la justice, la gendarmerie, renforçant ainsi les inégalités scolaires, l'insécurité physique et sociale.
Vous avez supprimé la durée légale du travail, c'est l'amendement Copé – d'ailleurs absent ce soir –, c'est-à-dire, tout simplement, la suppression des heures supplémentaires, entraînant la baisse de 8 % des salaires.