Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, il y a un an à peine, nous avons trouvé la France dans un bien piteux état. La dette atteignait des sommets. Nul ici, malgré son expérience, ne peut se représenter ce que sont 1 800 milliards d’euros. Cela représente tout de même 90 % du PIB de la France !
Bien sûr la conjoncture était mauvaise, mais elle l’était depuis plusieurs années. Elle s’est aggravée à la fin de l’année 2011 et en 2012. La dégradation rapide et généralisée de la zone euro nous touche tous, et continue d’influer sur l’économie des pays européens. Toutefois, nous sommes loin d’être les plus touchés.
Ne nous leurrons pas, il n’y avait pas que la crise. Cet endettement faramineux était aussi le symbole des dérives d’un système politique boiteux. Oui, chers collègues, car les années où la droite était au pouvoir ont été celles des dépenses, des promesses, et des cadeaux au plus riches.
Aujourd’hui, certains concitoyens me demandent où est passé tel projet de gare, où est passée telle autoroute, et je dois leur expliquer que ces projets n’ont jamais existé, car en réalité ils n’ont jamais eu de financement ! Peu importe aujourd’hui de rechercher des coupables, mais j’invite mes collègues à un travail de rétrospective. Je n’ose toutefois les inviter à l’introspection.
Je relisais il y a quelque temps le rapport daté du 30 septembre 2003 du rapporteur général, M. Gilles Carrez, également sur une loi de règlement. En fait de rapport, il s’agissait plutôt d’un réquisitoire : « L’année 2002, du fait de l’alternance politique, ne pouvait qu’être une année de transition, mais, au-delà même de l’héritage budgétaire des choix politiques passés, le Gouvernement s’est trouvé dans l’obligation de réajuster à la hausse les crédits. »
À lire cela, cette année 2002, vous ne l’avez pas assumée, mes chers collègues, année qui aboutit à une dégradation de 1,5 point de PIB. Eh bien, nous, contrairement à vous, cette année 2012, nous l’assumons.
II y a un an, nous avons dû agir et agir vite. On nous annonçait alors un scénario à l’espagnole, puis les taux d’intérêt à long terme allaient s’envoler. Nous avons dû retrousser nos manches. Et c’est ce que nous avons fait. Il y a un an, le rendez-vous était connu, notre pays était à un moment crucial dans la conduite du redressement de ses finances publiques. Après plusieurs années de douce irresponsabilité, notre pays a engagé l’indispensable réduction de ses déficits publics.
Les premiers résultats ont été obtenus : la moitié du chemin, commencé en 2011, certes, a bien été parcourue.
J’entends revenir le discours de la relance du déficit ou du fléchissement de notre politique de bonne gestion au nom de l’emploi. C’est une fausse route. En effet, les efforts ne doivent en aucune manière être relâchés. La seconde moitié du chemin reste à parcourir. Cela impliquera, en 2014 et 2015, d’importantes réformes qui devront concerner tous les acteurs publics, et permettre de résorber en priorité les déficits des régimes de sécurité sociale.
Cet appel à un retour à l’équilibre structurel des comptes publics ne s’impose pas au nom du seul principe, pourtant évident, de l’équilibre. Il vise à assurer la souveraineté de notre pays, la compétitivité de son économie, et la cohésion sociale.
L’année 2012 a connu un effort très significatif de redressement des comptes : l’effort structurel, c’est-à-dire la somme des mesures nouvelles en recettes et de maîtrise des dépenses, a représenté 1,1 point de PIB. Pour y parvenir, nous avons agi, mais pas en recourant à de simples pansements, en menant de véritables réformes. Permettez-moi de revenir sur l’une des saillies de M. Mariton, tout à l’heure, complétée par M. Vigier, il y a quelques minutes, sur notre incapacité à maîtriser les dépenses salariales pour, prétendait-il, satisfaire notre clientèle électorale. C’est une antienne habituelle de la droite : la gauche, ce serait une gestion irresponsable de la masse salariale. Sauf, monsieur Mariton, qu’il s’agit, au mieux, d’une mauvaise lecture, au pire, d’un mensonge. C’est faux, en effet, parce que la masse salariale a connu une augmentation modérée, en 2012 : 340 millions d’euros, soit 0,1 %. Elle s’était accrue de 800 millions d’euros en 2009 et de 968 millions d’euros en 2010. Ainsi avons-nous largement encadré les dépenses publiques, sans verser pour autant dans l’austérité.
Il y a des mesures importantes, et permettez au rapporteur spécial des budgets du travail et de l’emploi d’évoquer celles prises dans l’urgence pour l’emploi : les emplois d’avenir, les contrats de génération, le maintien et l’encouragement des emplois aidés, mais aussi le pacte de compétitivité, particulièrement important.
Le Gouvernement a engagé de nombreuses réformes structurelles pour juguler la crise. Ceux qui croient au mythe de Sisyphe devraient y regarder de plus près. Ceux qui nous accusent d’être flous se trompent. Nous savons où nous allons : vers moins de déficit, plus de croissance et plus d’équilibre. Alors oui, portés par cette méthode, par cette volonté, mais face à l’immensité de la tâche du redressement de notre pays, je crois que nous pouvons rendre Sisyphe heureux.