Intervention de Pascal Cherki

Séance en hémicycle du 16 octobre 2013 à 21h45
Loi de finances pour 2014 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascal Cherki :

Monsieur le ministre, mes chers collègues, ce projet de budget fait clairement le choix d’une politique de l’offre dans un environnement contraint.

La contrainte, nous la connaissons : elle nous est dictée par les marchés financiers auprès desquels nous empruntons, mais aussi par les différents traités européens, à commencer par le dernier en date, le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, qui nous conduit à vouloir atteindre l’équilibre des finances publiques d’ici à la fin de la mandature.

Ce projet marque donc une étape supplémentaire dans la réduction des déficits publics avec pour objectif d’atteindre les 3,6 % en 2014. À cette fin, les efforts sont concentrés sur la réduction des dépenses et sur les ménages.

En effet, la deuxième caractéristique du projet de budget est de privilégier les mesures en direction des entreprises.

Le Gouvernement part du constat que nous souffrons d’un sous-investissement de nos entreprises qui affecte la compétitivité de notre appareil productif, dégrade notre balance commerciale, anémie notre industrie et fait flamber le chômage que nous avons le plus grand mal à contenir à coup d’emplois aidés.

Je partage ce constat et j’approuve la volonté de stimuler la relance de notre investissement. En revanche, je m’interroge, et c’est légitime, sur la pertinence des moyens que nous déployons pour y parvenir.

En effet, contrairement à ce qu’affirment les représentants officiels du patronat que sont le MEDEF et l’AFEP, la principale raison de la dégradation de notre compétitivité n’est pas le coût excessif du travail.

Par cette posture patronale, l’AFEP et le MEDEF se transforment en organisations de combat contre la gauche de gouvernement pour lui faire plier l’échine et renoncer à atteindre les objectifs qui ont conduit une majorité de Français à nous faire confiance lors des dernières élections présidentielle et législatives.

Quand l’INSEE interroge les entreprises sur la raison principale des difficultés qu’elles rencontrent, une sur deux met en cause un problème de demande, ce qui devrait nous interroger sur la nécessité de porter peut-être une politique macroéconomique plus équilibrée. En tout cas, cette position contredit les vociférations du MEDEF et de l’AFEP.

Comment ne pas être saisi par le décalage entre une AFEP qui passe son temps à se lamenter sur la politique fiscale du Gouvernement, qui n’est jamais rassasiée des concessions qui lui sont faites et l’indécence du comportement de ses mandants ?

Cette année les entreprises du CAC 40, dont toutes ne sont pas françaises, mais dont une partie l’est, distribueront 40 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires. Il est donc légitime de se poser la question du patriotisme économique de ces grands groupes.

Et, puisque le MEDEF et l’AFEP se sont permis de distribuer un carton jaune au gouvernement, qu’il soit permis en retour de la part d’un simple député de France de leur demander de bien vouloir ôter le F de leurs sigles respectifs afin de ne pas souiller plus encore le nom et la réputation de notre nation.

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