Je vous suggère de vous calmer, monsieur Estrosi, car, je vous le rappelle, nous sommes ici à l'Assemblée nationale, et je m'adresse à l'ensemble de la représentation nationale. Je ne sais pas comment vous conduisez les débats du conseil municipal de Nice, mais dans notre hémicycle, nous nous efforçons de faire en sorte que nos débats conservent une certaine dignité. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Alors que vous avez, me semble-t-il, largement eu l'occasion de vous exprimer, vous tentez de reprendre la parole. Or, j'ai le droit de parler de vous en m'adressant à l'ensemble de la représentation nationale et, ne vous en déplaise, il se trouve que mes amis sont plus nombreux que les vôtres, parce que les Français en ont décidé ainsi ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
Cependant, puisque vous souhaitez qu'il en soit ainsi, je vais m'adresser à vous directement, les yeux dans les yeux, monsieur Estrosi, en demandant à mes amis politiques de bien vouloir me pardonner de leur tourner le dos pour quelques instants. Vous avez évoqué longuement, à cette tribune, l'évolution du pouvoir d'achat, un sujet auquel je comprends que vous soyez sensible. En 2007, le Président de la République que vous chérissez plus que de raison avait été élu sur la promesse d'une augmentation du pouvoir d'achat. Vous-même avez fait partie d'un gouvernement qui avait fait du pouvoir d'achat l'alpha et l'oméga de sa politique, votre parcours ministériel ayant toutefois été entrecoupé de périodes où vous êtes redevenu un parlementaire de la majorité, au gré d'une intermittence au demeurant un peu étrange. Quoi qu'il en soit, vous avez voté ou fait adopter des mesures dont l'incidence sur le pouvoir d'achat ressort clairement des documents budgétaires que vous avez sûrement consultés.
Les deux derniers trimestres de l'année 2011 et le premier trimestre de l'année 2012 se sont soldés par des reculs du pouvoir d'achat par unité de consommation. Que ce soit en tant que membre du Gouvernement ou en tant que parlementaire de la précédente majorité, vous êtes responsable, en particulier du fait de la politique industrielle que vous avez menée, de dispositions qui, non seulement n'ont pas augmenté le pouvoir d'achat des Français, mais ont au contraire entraîné une diminution du pouvoir d'achat par unité de consommation – le seul critère valable en la matière, comme Nicolas Sarkozy l'avait lui-même reconnu lorsqu'il était ministre de l'économie et des finances, en souhaitant que ce paramètre fût le seul à être pris en compte, au détriment de l'évolution du pouvoir d'achat brut.
Au regard même des critères que vous avez privilégiés, votre politique s'est conclue au bout de cinq ans par un échec terrible, celui du recul du pouvoir d'achat des Français. Cette situation que chacun a pu constater ne fut sans doute pas pour rien dans l'échec que vous avez collectivement connu et que vous semblez avoir un peu de mal à assumer. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
Vous avez également évoqué, monsieur Estrosi, la règle d'or. C'est un sujet qui permet à certains membres de l'opposition d'aujourd'hui, c'est-à-dire de la majorité d'hier, de s'exonérer d'une partie de leurs responsabilités.
Mais de quelle règle d'or parlez-vous, monsieur Estrosi ? Vous semblez regretter que celle que vous avez assumée, en tant que membre du Gouvernement, en la soumettant au Parlement, n'ait pas été adoptée. Mais l'opposition de l'époque a eu raison de la refuser car son adoption n'aurait servi à rien. En effet, celle que vous aviez proposée n'avait rien, rigoureusement rien à voir avec celle que pourrait envisager le nouveau traité européen.