Le développement durable a une dimension particulièrement importante outre-mer où il répond à une triple nécessité de développement économique, de préservation du patrimoine naturel et de cohésion sociale. C'est d'autant plus important que ces territoires concentrent de multiples problématiques : pression démographique, urbanisation galopante, compétition entre différents usages du sol, défis de l'autonomie énergétique, risques naturels et climatiques, nécessité de préserver les espaces naturels et la biodiversité…
La politique de développement durable outre-mer se décline différemment selon le statut de la collectivité puisqu'un certain nombre d'entre elles – Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Saint-Barthélemy, Wallis-et-Futuna – disposent de la compétence environnement ; la responsabilité de l'État s'y limite désormais à une incitation.
Le développement durable outre-mer recouvre cinq enjeux majeurs.
L'autonomie énergétique et le développement des énergies renouvelables sont le premier enjeu. Les outre-mer ne sont pas interconnectés à des réseaux électriques continentaux et dépendent largement des énergies fossiles. L'objectif fixé par le Grenelle de l'environnement est particulièrement ambitieux puisqu'il impose aux départements d'outre-mer 50 % d'énergies renouvelables en 2020 et 100 % en 2030. Cette transition énergétique totale n'est pas inaccessible compte tenu du potentiel énergétique présent – photovoltaïque, éolien, géothermie, énergie marine, biomasse, hydraulique. Dans cinq de ces territoires, la part des énergies renouvelables est déjà bien supérieure aux 13 % de métropole. La feuille de route issue de la Conférence environnementale prévoit l'organisation, à l'automne, d'un débat sur la transition énergétique ; elle rappelle aussi l'intérêt d'utiliser les outre-mer pour développer une expertise française. En matière d'énergies marines renouvelables, les innovations sont prometteuses – je pense à l'énergie thermique des mers à la Martinique, au projet de climatisation en eau profonde à La Réunion ou encore à la station de transfert d'énergie par pompage de Guadeloupe. La feuille de route fixe un cadre de développement stable aux énergies renouvelables pour éviter la réitération des à-coups dont a souffert la filière photovoltaïque et les perturbations dues aux modifications fiscales. Il est important d'adresser un signal fort aux porteurs de projet : à cet égard, un certain nombre de mesures sont prévues à court terme.
Le deuxième enjeu correspond à la grande vulnérabilité des territoires d'outre-mer face au catalogue impressionnant de risques naturels auxquels ils sont soumis : séismes, irruptions volcaniques, raz-de-marée, cyclones, érosion littorale, glissements de terrain, inondations… Ces dangers ont amené les préfets à élaborer une stratégie pluriannuelle de prévention des risques naturels. Dans les Antilles, particulièrement exposées au risque sismique, nous avons mis en place un plan séisme qui permettra, le cas échéant, de reconstruire les bâtiments publics prioritaires. En 2011, dans le cadre de ce plan, nous avons entrepris une contractualisation avec les collectivités concernées et mis en place des cellules susceptibles de seconder, sur un plan technique, la maîtrise d'ouvrage.
Le troisième enjeu de ces territoires est la préservation et la valorisation de la biodiversité. Or les sites les plus riches sont également souvent les plus menacés. L'outre-mer a une responsabilité particulière sur les coraux puisqu'il compte 10 % de la superficie mondiale des récifs et 20 % des atolls de la planète – la plus longue barrière linéaire de corail se situe en Nouvelle-Calédonie. La France est cofondatrice de l'initiative internationale pour les récifs coralliens, dont la déclinaison française – l'IFRECO – a été mise en place en mars 1999. Une initiative française pour la biodiversité outre-mer est prévue afin de coordonner les actions engagées aux niveaux national et local.
Le quatrième enjeu consiste à protéger et à valoriser les milieux naturels, en particulier les milieux marins. L'objectif de protection a présidé à la création des parcs nationaux de Guyane et de La Réunion et, au niveau international, au classement au patrimoine mondial des récifs coralliens de Nouvelle-Calédonie et des cirques, pitons et remparts de la Réunion. En octobre 2010, la création du sanctuaire des mammifères marins dans les eaux sous juridiction nationale des Antilles répond à la même préoccupation. Mais la protection de l'environnement doit être accompagnée d'un développement économique. Faut-il rappeler que l'outre-mer représente 97 % de la ZEE française ? La mer sera demain un élément majeur de la croissance. C'est dans cet esprit qu'a été créé le Parc naturel marin de Mayotte, en 2010, dont l'objectif de préservation de la biodiversité du lagon mahorais se double d'une ambition de développer le tourisme, l'aquaculture et la pêche. Je pense également au Parc naturel des Glorieuses, créé au début de cette année. L'outre-mer doit acquérir une meilleure connaissance des richesses du milieu marin. Nous connaissons mieux désormais les potentialités de l'aquaculture, de la culture des micro-algues à visée énergétique et des minéraux et fossiles en eau profonde.
Le cinquième et dernier enjeu, mais non le moindre, est celui du développement des transports collectifs. Pour des raisons liées au manque d'espace pour les réseaux routiers et au choix de la voiture individuelle, les outre-mer souffrent d'encombrements routiers préoccupants. Un certain nombre de projets sont en cours comme la mise en service de transports collectifs en site propre à la Martinique, en Nouvelle-Calédonie et à Saint-Martin, sans oublier La Réunion.
En dépit des pressions et des contraintes qui pèsent sur eux, nos territoires d'outre-mer bénéficient d'atouts exceptionnels dans les énergies renouvelables mais également dans le domaine pharmaceutique du fait des propriétés des molécules issues de la biodiversité. Plus qu'ailleurs, la transition écologique peut constituer un levier de développement.