Monsieur le ministre, les budgets, tels qu’ils nous sont proposés, intègrent dans leurs calculs des recettes exceptionnelles, issus en grande partie de la vente d’équipements ou d’emprises foncières militaires – par nature hypothétiques. Le maintien de ces crédits étant directement tributaire des recettes exceptionnelles, on peut craindre qu’ils ne soient pas au rendez-vous, du fait du marasme économique ambiant.
La France compte aujourd’hui trois fois moins de militaires qu’il y a vingt ans. Si nous faisons maintenant des économies sur les équipements, il nous faudra vingt ou trente ans pour rattraper ce retard. D’ici à 2019, les effectifs devraient encore diminuer de 34 000 personnes, ce qui équivaut à la suppression d’environ sept régiments. Alors que, nous le savons tous, le nombre d’opérations extérieures se multiplie – après l’Afghanistan, la Libye et le Mali, nous serons bientôt engagés en Centrafrique –, nous assistons, dans le même temps, à une réduction des effectifs et des moyens. Au rythme actuel, la France risque de ne plus pouvoir mener d’opérations extérieures, alors que la menace – en particulier extrémiste – se fait de plus en plus forte, notamment sur le continent africain. L’autonomie de notre pays, ainsi que sa position géostratégique, vont ainsi se réduire comme peau de chagrin.
La sanctuarisation du budget en pourcentage du PIB est un leurre, car le pays est, au mieux, en stagnation. Dans ces conditions, monsieur le ministre, comment pensez-vous maintenir la puissance française ? Aurons-nous encore les moyens d’intervenir sur la scène internationale ? Aurons-nous encore la capacité d’assurer la sécurité de nos concitoyens ?