Intervention de Huguette Bello

Séance en hémicycle du 5 novembre 2013 à 21h30
Loi de finances pour 2014 — Recherche et enseignement supérieur

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHuguette Bello :

Madame la présidente, madame et monsieur les ministres, mes chers collègues, il s’agit du premier budget suivant l’adoption de la loi du 22 juillet 2013 sur l’enseignement supérieur et la recherche. On y repère tout naturellement la traduction budgétaire des objectifs prioritaires de cette loi.

Répondant à la volonté proclamée de favoriser la réussite de tous les étudiants, les crédits de l’enseignement supérieur augmenteront en 2014 de 0,4 % et ceux de la vie étudiante de 6 %. Ils doivent permettre de créer, d’une part, 1 000 premiers postes destinés au premier cycle universitaire, et d’autre part, deux nouveaux échelons de bourses. L’échelon 0 bis est destiné aux boursiers qui étaient uniquement exonérés de droits d’inscription : ils pourront désormais avoir une bourse annuelle. À l’échelon 7, les étudiants les plus modestes auront une bourse plus importante.

De même, la mise en chantier de 8 000 logements universitaires par an jusqu’en 2017 est une mesure que nous apprécions, surtout si ces constructions sont équitablement réparties sur l’ensemble du territoire universitaire.

La répartition programmée par types d’emploi et par établissements des 1 000 postes créés est précise. Cependant la question du suivi de l’effectivité de leur mise en oeuvre se pose, d’autant plus que des milliers de postes sont gelés depuis la loi relative aux libertés et aux responsabilités des universités qui permet aux universités de recourir, pour leurs dépenses de fonctionnement, aux crédits de la masse salariale.

Deux mesures phares sont prévues pour lutter contre l’échec massif dans le premier cycle. D’abord, l’orientation prioritaire des bacheliers technologiques et professionnels vers les établissements conçus pour les accueillir, au moyen de quotas. Ce retour des IUT et des sections de technicien supérieur à leur vocation initiale est indispensable pour contrecarrer les orientations par défaut et les échecs qu’elles provoquent.

Toutefois, le décalage toujours grandissant entre le nombre de bacheliers qui sortent chaque année des lycées professionnels et le nombre de places offertes invite à agir rapidement sur la carte des IUT et des BTS. Il convient d’augmenter le nombre de ces formations en la réactualisant. Par ailleurs, la simplification en cours de l’offre de formation permet de ne pas faire de l’après-bac un saut dans l’inconnu : c’est une mesure salutaire.

Dans la même logique, je souhaite mettre l’accent, plus de dix ans après la réforme des diplômes universitaires – désormais organisés autour de trois niveaux : licence, master, doctorat –, sur les difficultés que rencontrent de plus en plus d’étudiants pour obtenir le diplôme de master. Alors qu’il s’agit d’un cycle d’enseignement de deux ans, une sélection existe entre le master 1 et le master 2, à l’image de celle qui existait, avant la réforme, entre la maîtrise et les DEA et DESS. Mais contrairement à la maîtrise, le master 1 ne sanctionne pas un cycle. L’interruption à laquelle trop d’étudiants sont contraints à l’issue du master 1 est donc lourde de conséquences. Ces étudiants se retrouvent avec un bac + 4 que le marché du travail français assimile à une licence et que l’espace européen ne reconnaît pas.

Cette sélection au milieu d’un cycle est de plus en plus critiquée. Les étudiants ont le sentiment d’avoir été trompés. La réduction importante des places entre les deux niveaux du master contraint les étudiants à multiplier les candidatures auprès des universités. En effet, la plupart des masters 2 proposent au plus 25 places. Le coût non négligeable de cette prospection peut être dissuasif, surtout pour les étudiants les plus modestes.

Lorsque les étudiants sont issus d’une université éloignée, comme celle de la Réunion, les frais sont prohibitifs, puisque l’épreuve de l’entretien oral suppose de payer l’avion et l’hébergement.

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