Intervention de Pouria Amirshahi

Séance en hémicycle du 5 novembre 2013 à 21h30
Loi de finances pour 2014 — Recherche et enseignement supérieur

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPouria Amirshahi :

Lors du débat portant sur la loi relative à l’enseignement supérieur et à la recherche, que vous avez présentée, madame la ministre, nous avons eu une discussion intelligente et fructueuse au sujet de l’article 2, qui posait la question de la stratégie linguistique des universités françaises, en particulier de la place de la langue française, non seulement dans l’offre d’enseignement sur le territoire national, mais aussi comme facteur d’attractivité vis-à-vis des étudiants venus de l’étranger.

Vous nous aviez appelés à faire preuve d’optimisme, soulignant que la France disposait, à la fois dans le cadre de sa stratégie propre et dans le cadre de sa stratégie multilatérale, d’une grande capacité de rayonnement, de mutualisation des savoirs et des connaissances, de production d’études à caractère scientifique et technologique, et de programmes d’échanges étudiants – notamment dans le cadre de l’Agence universitaire de la francophonie, dont les crédits sont en diminution de 1,53 million d’euros dans le budget qui nous est présenté.

Je voudrais attirer votre attention sur la coexistence des deux positions en présence : la mienne, que j’avais défendue lors du débat sur la place de la langue française et la vôtre, qui incitait justement à utiliser tous les leviers dont nous pouvions disposer, dont l’AUF, pour permettre l’existence d’une communauté scientifique universitaire francophone internationale. On sait, en effet, qu’elle n’est pas acquise ad vitam aeternam, et qu’elle peut être fragilisée par négligence, par manque de moyens ou par manque d’ambition. Vous connaissez l’Agence universitaire de la francophonie, qui est représentée sur les cinq continents, emploie 420 agents et comprend une soixantaine d’implantations. Je ne présenterai pas dans le détail cette organisation, dont la force de frappe nous permet, aujourd’hui, d’exister sur le plan international.

Je veux appeler votre attention sur deux points particuliers. En premier lieu, dans les années qui viennent, nous aurons la possibilité, grâce à des outils modernes, en particulier numériques – ce qui justifie des investissements –, d’organiser à l’échelle mondiale un véritable espace francophone, par le biais de l’Agence universitaire de la francophonie. C’est essentiel au regard des enjeux que constituent l’acquisition des connaissances, la production de savoir et les liens entre recherche, emploi et innovation économique.

En second lieu, vous avez vous-même affirmé, madame la ministre, qu’au-delà des zones traditionnelles de la francophonie, vis-à-vis desquelles nos universités exercent une attractivité naturelle, il est des pays – notamment des pays émergents – à l’égard desquels vous souhaitez développer la capacité d’attraction de nos établissements d’enseignement supérieur. Je constate que, depuis huit ans, le nombre d’universités membres de l’Agence universitaire de la francophonie s’accroît : c’est principalement le fait du Brésil, de la Chine, de l’Algérie – État francophone quoique non membre de l’OIF –, de l’Inde et de l’Iran. Nous avons la possibilité, grâce à l’ensemble des étudiants, des chercheurs et des enseignants issus de ces pays, qui y travaillent et participent à des programmes de recherche convergents dans le cadre de l’Agence universitaire de la francophonie, de renforcer notre capacité de rayonnement et de valoriser toutes les productions francophones. Elles font aujourd’hui notre force et continueront à la faire demain, tant sur le plan de la recherche scientifique et technique que sur celui de nos capacités industrielles.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion