Monsieur le Premier ministre, permettez-moi de vous lire la lettre d’un de mes administrés, chef d’entreprise à Roanne.
« Enfant sans diplôme, c’est à force de travail et de sacrifices que j’ai pu devenir un entrepreneur reconnu dans le monde du chocolat où j’emploie cinquante salariés.
Roanne, ma ville, fut longtemps une ville paisible. Je ne la reconnais plus aujourd’hui !
Je fais désormais partie du lot banal des victimes de violence en tous genres : maison cambriolée une première fois, vandalisée quelques jours plus tard, entreprise cambriolée à six reprises malgré les innombrables mesures de sécurité, et enfin il y a quelques jours, secourant un automobiliste pris à partie par cinq voyous, je suis tabassé et aspergé de gaz lacrymogène.
De récents faits divers montrent que de courageux citoyens ont eu, hélas, il y a quelques semaines moins de chance, puisque leur assistance à personne en danger leur a valu la mort.
Mes enfants ? Régulièrement insultés, battus pour un simple regard ou une cigarette refusée, petites misères en comparaison de cette jeune Roannaise violée et torturée au bord du canal qui depuis s’est suicidée cet été…
Ces faits parlent-ils à quelqu’un dans cette assemblée ou sont-ils d’une terrifiante banalité ?
Notre pays court un grave danger car si vous, dirigeants, ne prenez pas conscience de l’abîme dans lequel nous nous enfonçons, c’est que vous êtes aussi sourds et aveugles que cette noblesse qui faisait la fête quand le peuple mourait de faim.