Intervention de Claudine Schmid

Séance en hémicycle du 6 novembre 2013 à 15h00
Loi de finances pour 2014 — Sport jeunesse et vie associative

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClaudine Schmid, rapporteure pour avis de la commission des affaires culturelles et de l’éducation :

Comment pourrais-je approuver les crédits du programme 185 « Diplomatie culturelle et d’influence » ? Déjà modestes en 2013, ils subissent une baisse de 3,3 % en 2014, alors qu’ils sont censés appuyer une grande partie des politiques qui portent l’influence de notre pays, y compris celle relative à l’enseignement français à l’étranger. Le plafond d’emplois du programme est réduit de 62 emplois. Il s’établit à 911 emplois temps plein travaillés. Pour mémoire, il était de 1 048 emplois en 2012.

Des économies sont imposées à l’ensemble des instruments. S’agissant du réseau culturel, les dotations aux établissements à autonomie financière diminuent de 4 %, et les subventions aux alliances françaises de 4,3 %. Les crédits alloués aux bourses sont amputés de 2,5 millions d’euros dans les secteurs de l’attractivité et de la recherche, des biens publics mondiaux, de la culture et du français ; les programmes de bourses cofinancés, déjà réduits de 5 % en 2013, baissent à nouveau de 3 %.

Ces économies n’épargnent pas les opérateurs, incités à rechercher des financements extra-budgétaires et dont les subventions sont révisées à la baisse : moins 2,5 millions d’euros pour l’Institut français, moins 160 000 euros pour Campus France et moins 8,5 millions d’euros pour l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger.

Est-il judicieux d’asseoir trop largement la conduite des politiques publiques sur l’appel aux financements privés ? N’est-ce pas, à terme, contre-productif voire dangereux ? Permettez-moi de m’interroger, surtout en entendant les propos de la majorité sur un autre dossier qui, comme on dit, fait l’actualité.

En effet, la dégradation des moyens publics conduit à des abandons de missions et réduit l’effet de levier potentiel que génère l’engagement public pour les cofinancements et les partenariats locaux. Quant aux financements privés, ils sont soumis aux aléas des situations économiques locales ou des changements politiques. C’est du moins ce que souligne la Cour des comptes dans le rapport relatif au réseau culturel de la France à l’étranger qu’elle a établi à la demande du Président de l’Assemblée nationale.

Il est donc nécessaire de maintenir les crédits publics, y compris sur des petits programmes. Les résidences de créateurs, que j’ai choisies pour thème de mon avis budgétaire, sont un bon exemple : pilotés par l’Institut français, ces programmes mobilisent moins d’un million d’euros mais contribuent au rayonnement culturel de la France sur le long terme, par le développement des réseaux et des partenariats culturels mis en place à travers les échanges d’artistes.

Ce budget est important parce qu’il permet à notre pays et à nos concitoyens de s’ouvrir au monde qui vient à eux. Or les crédits que nous examinons aujourd’hui ne donnent pas à la diplomatie culturelle la priorité qu’elle devrait avoir. Je ne pourrai donc pas les voter, et surtout pas en qualité de rapporteure pour avis, malgré l’avis favorable de la commission des affaires culturelles.

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