Intervention de André Schneider

Séance en hémicycle du 6 novembre 2013 à 15h00
Loi de finances pour 2014 — Sport jeunesse et vie associative

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Schneider :

L’examen des crédits de la mission « Action extérieure de l’État » est pour notre assemblée l’occasion d’évaluer et d’apprécier la capacité de notre pays à exister hors de ses frontières.

Ce budget doit nous permettre de faire vivre notre vision du monde. La vision d’une Europe politiquement cohérente, financièrement saine, soucieuse de ses intérêts, active pour la stabilité et la paix. La vision d’une relation rénovée avec l’Afrique – nous en parlions ce matin en commission, madame la présidente. La vision d’un dialogue renforcé avec des pays et des continents trop souvent oubliés tels que l’Amérique latine. Bref, la vision d’une France politique déterminée et diplomatiquement active qui représente une alternative à l’omniprésence américaine par exemple.

Le budget alloué à cette mission diminue malheureusement encore, passant de 2,83 milliards à 2,8 milliards. En outre, 150 emplois d’État sont supprimés. Je tiens à rappeler qu’en 2011 et 2012, la mission disposait de 100 millions de plus.

À l’inverse des deux autres programmes, la dotation du programme 151 « Français à l’étranger et affaires consulaires » augmente, de plus de 8 % par rapport à l’année dernière. Cette évolution est toutefois due en grande partie à l’organisation des élections à l’Assemblée des Français de l’étranger. Ce programme contribue à animer un réseau de 230 consulats généraux et est essentiellement tourné vers les quelque 2 millions de Français résidant à l’étranger.

Comme M. Fabius l’a rappelé en commission élargie, le réseau diplomatique français est passé de la deuxième à la troisième place derrière la Chine. Nous reculons et j’ai bien peur que les crédits relativement faibles attribués à cette mission ne nous fassent continuer.

Par ailleurs, notons que la ligne budgétaire attribuée à la Maison des Français de l’étranger connaît une augmentation significative, de 34 %, notamment en raison de l’élargissement de ses activités. Je vous rappelle que la MFE a pour mission d’informer tous les Français envisageant de partir vivre ou travailler à l’étranger.

Pour le programme 105 « Action de la France en Europe et dans le monde », on constate une légère baisse dans l’ensemble, avec une diminution plus marquée pour l’action no 4 « Contributions internationales ».

Les crédits attribués aux opérations de maintien de la paix diminuent de plus de 26 millions. La France participe à neuf des seize opérations de maintien de la paix. Elle contribue également à des opérations sous mandat de l’ONU dans le cadre de l’Union européenne et de l’OTAN. Notre pays est présent sur de nombreux théâtres extérieurs : en Somalie, au Kosovo, en Afghanistan et bien entendu au Mali. La baisse des crédits destinés aux OMP et du budget de la défense nous obligera à revoir nos modes d’intervention. Nous ne pourrons plus intervenir sur plusieurs théâtres d’opération en même temps. Malheureusement, notre capacité d’intervention dans le monde s’en trouvera restreinte.

Concernant le financement de la politique immobilière dans le réseau, je déplore que certains biens prestigieux ou à forte dimension historique voire symbolique comme la Maison de France à Berlin soient cédés. Ils font partie intégrante de notre patrimoine, de notre histoire. Avons-nous réellement essayé de trouver une solution pour les conserver ?

Quant au programme 185 « Diplomatie culturelle et d’influence » qui regroupe les moyens consacrés à la coopération culturelle et d’influence et au développement et à la promotion de la langue française, nous y tenons beaucoup, il baisse également de plus de 3 %. Cela risque, monsieur le ministre, de porter atteinte à l’efficacité de la diplomatie d’influence.

On peut également regretter que les crédits destinés à l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger baissent de 8,5 millions d’euros. Ai-je besoin de rappeler l’importance de cette agence ? Elle est présente dans plus de 130 pays, dispose de 421 établissements et accueille plus de 316 000 élèves, français pour plus d’un tiers d’entre eux. Rappelons, monsieur le ministre, que la subvention à l’Agence avait été maintenue en 2013 pour traduire la volonté du Gouvernement de faire de l’éducation une priorité nationale. Qu’en est-il donc aujourd’hui ?

Ce budget ne permettra pas de mettre en oeuvre une réelle ambition et de faire de la France une nation influente au niveau diplomatique. La diplomatie française a besoin d’une nouvelle vision, d’un nouveau souffle. Elle doit être plus moderne, plus pro-active, elle doit avoir la capacité d’anticiper les changements de demain.

Pour y parvenir, la diplomatie française dispose d’un outil, un bel outil, fait d’hommes et de femmes de qualité et de conviction. Il serait important de leur apporter un réel soutien.

Monsieur le ministre, le monde, surtout l’Afrique, attend beaucoup de la France. Notre nation doit continuer à faire entendre sa voix, celle de la démocratie, de la liberté, des droits de l’homme, de la culture et de la paix. Les crédits alloués à cette mission n’impulsent aucun nouvel élan. Pour toutes ces raisons, le groupe UMP ne votera pas ces crédits.

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