Intervention de Meyer Habib

Séance en hémicycle du 6 novembre 2013 à 15h00
Loi de finances pour 2014 — Sport jeunesse et vie associative

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMeyer Habib :

Nous sommes rassemblés aujourd’hui en une semaine bien triste pour la France et pour la liberté de la presse, qui nous rappelle cruellement l’importance que revêt l’action extérieure de l’État. Les corps de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon, ont été ramenés en France hier : deux journalistes passionnés et courageux tués parce qu’ils étaient Français, tués parce qu’ils étaient journalistes, assassinés sauvagement par des terroristes, assassinés sauvagement par des islamistes. Leur mort nous rappelle les multiples dangers de ces zones de conflits.

Ces dangers, beaucoup de nos diplomates les vivent aussi. Ils mettent en oeuvre avec courage la politique étrangère audacieuse de la France, que le ministre des affaires étrangères orchestre avec un certain panache. Au nom du groupe UDI, je tiens donc à saluer l’action de tous nos diplomates et de nos agents qui oeuvrent au rayonnement de notre pays.

Ce réseau diplomatique et culturel extraordinaire dont nous disposons permet de faire porter la voix si forte et si particulière de la France. Il faut encourager son développement, notamment en redéployant les moyens vers les grands pays émergents.

Le groupe UDI approuve l’action du Gouvernement en ce sens.

Nos valeurs universelles sont aussi portées par notre culture. Nous nous inquiétons donc de la baisse des crédits de subventions versées à l’AEFE, à l’Institut français et à Campus France.

Dans le programme 151, vous augmentez le nombre de fonctionnaires affectés à la délivrance de visas. Certes, cette mesure repose sur un constat juste : dans le contexte de crise économique que nous connaissons, il faut faciliter l’arrivée des touristes, pour qu’ils viennent en nombre croissant. Toutefois, embaucher 75 fonctionnaires de plus ne procède pas d’une bonne allocation des ressources. Nous sommes en 2013. Ne pouvons-nous pas, dans l’esprit du choc de simplification, utiliser plus intelligemment internet et les nouvelles technologies pour la délivrance de visas ? Certains pays comme Singapour ou le Nigeria le font. Pourquoi pas nous ?

Le ministre des affaires étrangères a répondu lors de la réunion de la commission élargie que ses services réfléchissaient déjà à cette solution. Mais le choc de simplification doit avoir lieu maintenant ! Je suis issu de la société civile et je peux vous dire que si une entreprise doit réfléchir pendant deux ans avant de changer ses logiciels, c’est simple : elle meurt. Sur certains sujets, M. le ministre des affaires étrangères a montré qu’il savait décider de manière rapide et audacieuse. En ce domaine, il ne faut pas attendre, il faut agir aujourd’hui même. La France en a besoin.

Le programme 151 inclut une baisse des moyens affectés aux renouvellements de passeports. Or, si la production de ce document ne nécessite que onze jours, il faut en moyenne deux mois pour obtenir le rendez-vous au consulat qui permet d’enclencher le processus. C’est beaucoup trop long, sans compter que les ressortissants français doivent faire deux allers et retours au consulat. Par exemple, un étudiant français d’Ithaca, dans l’état de New York, devant se rendre au consulat à Manhattan aura douze heures de trajet aller et retour ; un Français habitant Eilat devant se rendre au consulat à Tel Aviv aura un trajet de dix heures de bus aller et retour ; une famille française habitant Brescia, deuxième ville de Lombardie, devant se rendre au consulat à Milan aura100 kilomètres à parcourir. Tout cela deux fois, et parfois avec des enfants, lorsqu’il faut renouveler leur passeport !

Pour les citoyens français de l’étranger, un passeport n’est pas un luxe, c’est une nécessité. C’est donc à ce poste surtout qu’il faut affecter des moyens modernes, pragmatiques et efficaces, permettant de gagner du temps et de limiter les déplacements.

Le groupe UDI s’oppose au nouveau mode de calcul des quotités attribuées aux familles dans le besoin issu de la réforme du système des bourses scolaires à l’étranger. De nombreuses familles en difficulté, notamment monoparentales, voient leurs bourses baisser alors que leur niveau de revenus ne change pas. Partout dans ma circonscription, notamment en Italie, j’ai été confronté à des mères qui ne peuvent plus faire face aux frais de scolarité de leurs enfants.

Aujourd’hui même a lieu la deuxième commission des bourses. Aujourd’hui, des familles vont apprendre qu’elles devront retirer leurs enfants de l’école de la République parce qu’elles n’ont pas assez d’argent pour payer. Ces enfants vont être séparés de leurs amis, de leurs professeurs, du système scolaire français, par manque de moyens. Ce qui se passe va à l’inverse du discours de justice sociale que votre majorité nous sert à toutes les sauces, la plupart du temps au détriment de l’efficacité et du bon sens.

Une partie de votre majorité s’insurge dès que l’on touche à l’enceinte sacrée de l’école de la République. Elle l’a montré récemment en attaquant à tort le ministre de l’intérieur. Mais elle est bien silencieuse quand on coupe les bourses des familles dans le besoin ! Cela s’appelle tout simplement avoir une morale à géométrie variable.

En commission élargie, le ministre des affaires étrangères nous a expliqué que les responsables d’établissements « sont des gens qui connaissent la réalité sociale, qui essaient de faire le maximum pour venir en aide aux familles. » Je partage son sentiment. J’ai parlé avec des responsables d’établissement de ma circonscription et c’est justement parce qu’ils connaissent la réalité sociale qu’ils sont inquiets ! Et c’est parce que les familles sont dans des situations délicates qu’elles sont inquiètes. Le groupe UDI, estimant que votre nouveau mode de calcul des quotités revient à mal partager la pénurie, s’inquiète lui aussi.

Mes chers collègues, pour toutes les raisons que j’ai exposées, après réflexion, le groupe UDI votera donc contre les crédits de la mission « Action extérieure de l’État ».

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