Monsieur le président, monsieur le ministre, mesdames et messieurs les rapporteurs, chers collègues, nous sommes confrontés aujourd’hui à un défi majeur : ne pas laisser s’enfoncer durablement dans la pauvreté neuf millions de personnes, les jeunes et les femmes faisant partie des catégories les plus touchées.
La rencontre ici même, le 17 octobre, organisée par le président de l’Assemblée nationale lors de la journée de lutte contre la misère avec des militants d’ATD Quart Monde et du Secours catholique a été l’occasion d’entendre des témoignages qui ont permis de donner des visages à la pauvreté. Mais, plus que tout, les intervenants nous ont rappelé de façon prégnante la nécessité – outre les mesures d’urgence pour lutter contre la pauvreté – d’un travail en profondeur s’agissant notamment de l’accès aux droits et des questions liées à la dignité des personnes.
La volonté qui sous-tend le plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté témoigne de la conviction selon laquelle la pauvreté n’est pas la marque d’une infamie mais bien le fruit d’un processus contre lequel il faut lutter. La mission « Solidarité, insertion et égalité des chances » illustre, quant à elle, un programme qui s’apprécie dans la globalité en y incluant les problèmes liés à l’emploi, à l’insertion et aux aides d’urgence.
S’établissant à hauteur d’environ 13 milliards, le financement de cette mission augmente, ce dont nous nous réjouissons. Aussi ce texte intègre-t-il l’augmentation du RSA de 2 % décidée dans le cadre du plan de lutte contre la pauvreté, augmentation qui interviendra annuellement jusqu’à ce qu’elle atteigne 10 % d’ici cinq ans. Bien sûr, cette mesure prend tout son sens dans le cadre d’une refonte indispensable de cet outil qu’est le RSA et, notamment, le RSA activité. Dans un rapport récent, notre collègue Christophe Sirugue a démontré les limites de ce dispositif et la nécessité d’une réforme incluant la prime pour l’emploi. Je tiens à mon tour à souligner combien il est important que ce projet soit mené à son terme.
L’aide d’urgence, c’est aussi la question de l’aide alimentaire. Nous nous félicitons de l’augmentation du budget – 23,38 millions – qui lui est consacré, lequel montre aussi combien le nombre de personnes faisant appel à l’aide alimentaire a augmenté – elles sont aujourd’hui 3,5 millions. Nous voyons de surcroît fleurir sur nos territoires les épiceries sociales et solidaires, ce qui témoigne certes d’un effort de solidarité mais, aussi, de la difficulté dans laquelle nous sommes. À mon tour, je tiens à attirer l’attention sur la nécessité de mettre en place le système qui permettra de prendre la suite dans le cadre des fonds européens.
Mais nous devons aussi nous interroger sur le long terme et, donc, sur l’accès aux droits. Or, dans l’action 13, nous constatons un tassement du financement des projets un peu expérimentaux dans ce domaine. L’enjeu est pourtant important, comme cela est rappelé dans le plan pluriannuel contre la pauvreté. Contrairement à ce que l’on entend souvent, ce ne sont pas les questions de fraude ou d’assistanat qui prévalent mais bien le fait que les personnes ne demandent pas ce à quoi elles ont droit. Il faut donc travailler sur cette question en facilitant l’accès aux droits mais, aussi, aux informations.
Nous pouvons également nous féliciter des perspectives de long terme s’agissant du travail social. Le déroulement d’assises à ce sujet est prévu l’année prochaine. Il s’agit là d’un véritable enjeu alors que tous les acteurs sont en souffrance, parfois parce qu’ils n’ont pas de réponses à apporter, parfois parce que la nature de ces métiers a changé ou que la détresse est telle qu’un travailleur social a lui aussi besoin de se ressourcer. Les travailleurs sociaux attendent les réponses que nous pourrons leur apporter. Nous devons nous saisir de ce sujet avec beaucoup de volontarisme.
Enfin, cette mission inclut la question de la protection des personnes les plus vulnérables, donc des jeunes. J’attire votre attention sur les Points accueil écoute jeunes et sur les instances de médiation permettant d’accompagner les parents. Nous savons que dans les zones qui connaissent le plus de difficultés, ces points d’accueil sont les premières portes d’entrée pour que les jeunes puissent exposer leur grande souffrance dans les domaines psychologique ou scolaire. Les budgets qui y sont dévolus doivent être maintenus. Ce sont souvent les seuls lieux sur lesquels les jeunes et les parents peuvent s’appuyer.
Le groupe SRC votera les crédits de cette mission, dont je rappelle une nouvelle fois qu’elle témoigne fortement de la volonté gouvernementale de faire de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion une priorité.