La position d'associations comme Aides ou Médecins du monde, qui s'inquiètent d'une dégradation de la situation sanitaire des personnes prostituées si les clients sont poursuivis, ne vient-elle pas de plus loin ? En effet, notamment depuis l'épidémie de sida, les subventions publiques ont servi à financer la prévention du sida et des maladies sexuellement transmissibles plutôt que l'éducation à la sexualité et l'apprentissage du respect et de l'égalité filles-garçons. Sans contester bien sûr le bien-fondé de la prévention sanitaire, je me demande s'il n'y a pas eu une dérive hygiéniste dans la prise en charge de la prostitution par les associations.
Une excellente méta-analyse du British Medical Journal d'avril 2013, reprenant les résultats de toutes les études menées dans les années 2000 sur l'infection par le VIH chez les femmes prostituées en Europe, établit que les facteurs de risque de contamination par le VIH sont, bien entendu, l'absence de port du préservatif et l'injection de drogues par voie intra-veineuse, mais aussi que ce risque est accru dans les pays où la prostitution est criminalisée et où ce sont les personnes prostituées, et non les clients, qui font l'objet de poursuites. Avez-vous connaissance d'autres études aux conclusions concordantes ?