Intervention de Aurélie Filippetti

Séance en hémicycle du 13 novembre 2013 à 10h00
Loi de finances pour 2014 — Culture

Aurélie Filippetti, ministre de la culture et de la communication :

Monsieur le président, monsieur le président de la commission des affaires culturelles, messieurs les rapporteurs, mesdames et messieurs les députés, le ministère de la culture et de la communication bénéficiera en 2014 d’un budget de 7,26 milliards d’euros, conforme à la programmation triennale votée par le Parlement en 2012. Ce budget diminue globalement de 2 %, comme je l’ai dit en commission élargie, et s’inscrit donc dans l’effort de redressement budgétaire indispensable pour l’ensemble de la nation. Le ministère de la culture participe à cet effort, mais ne connaît pas de restriction supplémentaire par rapport à ce qui était prévu dans la programmation triennale.

J’ai entrepris un travail de restructuration du budget afin que les missions fondamentales du ministère soient préservées. Cette baisse est donc tout le contraire d’un coup de rabot homogène, qui toucherait indifféremment tous les secteurs. J’ai fait des choix, que j’ai eu l’occasion de vous exposer, et qui découlent naturellement de mes priorités.

Ma première préoccupation a été de préserver l’ensemble des secteurs de la création : spectacle vivant, arts plastiques, édition littéraire et musique. La seconde a été de rééquilibrer le soutien aux régions et celui apporté aux grands établissements, souvent concentrés à Paris, qui ont les reins plus solides financièrement et peuvent assumer des baisses en les compensant par des ressources propres.

J’ai donc fait porter les efforts sur les opérateurs les plus solides pour préserver les établissements et les structures les plus fragiles. En contrepartie, j’ai souhaité apporter un soutien supplémentaire extrêmement important aux acteurs de l’éducation artistique sur tout le territoire. J’ai aussi soutenu les actions qui garantissent l’emploi et l’activité des entreprises culturelles, notamment dans le domaine des monuments historiques.

Nous avons eu le loisir de débattre de ce budget en commission élargie. Je remercie les rapporteurs pour leur travail extrêmement dense et de qualité. Nos échanges ont été très constructifs et de bonne tenue. C’est l’essence même du débat parlementaire et de la démocratie.

Je souhaite rappeler que, conformément au projet présidentiel de faire de la jeunesse la priorité de notre action, j’ai présenté au mois de septembre un plan national pour l’éducation artistique et culturelle et j’ai conforté les moyens de l’enseignement supérieur du ministère de la culture, qui forme 35 000 étudiants par an.

Je souhaite aussi maintenir l’effort national en faveur du patrimoine et préserver les moyens d’intervention de l’État en région, particulièrement dans le domaine de la création.

Je veux enfin faire entrer le ministère de plain-pied dans le numérique en lui donnant les moyens d’une régulation adaptée de l’offre des industries culturelles, fondée sur le développement de l’offre légale, la libération des pratiques créatives et la lutte contre la contrefaçon commerciale et le téléchargement illégal. Il faudra également développer de nouveaux outils de financement de la création à l’ère du numérique.

Ce budget 2014 est davantage à l’écoute de la culture telle qu’elle se fait, notamment par et pour les jeunes, en favorisant la création émergente et en accompagnant la transition des secteurs économiques vers le numérique, tout en menant une action responsable, en partenariat avec les collectivités locales, les professionnels de la culture et les autres ministères.

Je soumettrai à votre examen en 2014 des textes visant à refondre notre action, dans cette approche partenariale : une loi sur la création, qui concernera l’ensemble des secteurs, y compris le numérique, et une loi sur les patrimoines, qui reverra les régulations de ce secteur capital des politiques culturelles.

Je voudrais enfin insister sur le poids économique du secteur culturel. Avec Pierre Moscovici, j’ai en effet confié à l’inspection générale des affaires culturelles et à l’inspection générale des finances une étude conjointe, qui sera publiée au début du mois de décembre et qui permettra de démontrer que la culture correspond à 59 milliards de valeur ajoutée, c’est-à-dire de richesse nette produite, soit plus de 3 % du PIB national. Si l’on y ajoute les secteurs qui bénéficient des retombées indirectes et induites de ces secteurs, on atteint près de 5,5 % du PIB. Et si l’on devait compter la mode, le luxe et la gastronomie, on dépasserait les 10 % !

Cette étude va nous donner des outils pour comprendre comment le développement d’équipements culturels peut générer de la richesse à l’échelle nationale et dans tous les territoires. On peut penser par exemple au Centre Pompidou-Metz ou au Louvre-Lens.

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