Musique, théâtre, livre, télévision, radio, presse, arts plastiques et visuels, jeux vidéos : prise au sens large, l’activité culturelle, cinquième secteur économique français, pèse plus lourd dans notre économie que le luxe, l’automobile ou encore les télécommunications, de 3 à 5 % de notre PIB, comme vous l’avez rappelé, madame la ministre.
Rappelons que le chiffre d’affaires direct des industries culturelles et créatives en France est de 61,4 milliards d’euros, contre 60,4 milliards pour l’automobile et 52,5 milliards pour le luxe. Les secteurs soutenus par le CNC ont d’ailleurs à eux seuls généré l’an dernier une valeur ajoutée directe de 8,5 milliards, équivalente à celle de l’industrie automobile et supérieure par exemple à celle de l’industrie pharmaceutique.
Avec ces chiffres, c’est d’emplois que nous parlons. Afin de mieux comprendre ce budget, il est nécessaire d’avoir en mémoire la réalité économique des secteurs culturels mais aussi de tordre le cou à certaines idées reçues, en France et à Bruxelles, selon lesquelles la culture ne serait qu’un gouffre à financements et subventions publics. Les industries culturelles sont une partie de la solution au défi national de la croissance et de l’emploi. Pérenniser le financement du secteur de l’audiovisuel, par exemple, c’est mener une véritable stratégie pour l’emploi dans des métiers qui attirent de plus en plus de nos jeunes.
Secteur par secteur, les arts graphiques et plastiques, musées, galeries, ventes d’art, design, architectes et décorateurs arrivent en tête, avec 19,8 milliards d’euros. Le chiffre d’affaires direct est à cette aune, ainsi que l’emploi : plus de 307 000 postes. La télévision pèse 14,9 milliards d’euros et 176 000 emplois ; la musique, 8,6 milliards d’euros et 240 000 emplois ; le spectacle vivant, théâtre, danse, opéra, spectacles musicaux, 8,4 milliards d’euros et 267 713 emplois ; les jeux vidéos, 5 milliards d’euros et 23 635 emplois ; le cinéma, 4,4 milliards d’euros et 105 890 emplois.
Si l’emploi est la mère de toutes les batailles, le système d’aide à la culture est un exemple d’efficacité, dans un secteur où la flexibilité de l’emploi, tant revendiquée par certains, est malheureusement parfois la règle quotidienne. Dès lors, qu’est-ce qui nous empêche de faire de la culture une de nos priorités nationales, dès aujourd’hui ? Le projet de loi sur la création artistique que vous avez évoqué, madame la ministre, la renégociation par les partenaires sociaux des annexes liées à l’intermittence dans les mois à venir, la loi renforçant l’indépendance du CSA, les nombreux débats qui nous animent autour du CNC et de la télévision publique ne sont-ils pas autant de bonnes occasions ?
Pour l’heure, nous accueillons favorablement les mesures prises dans ce PLF, même s’il nous semble nécessaire, pour ne pas dire indispensable, madame la ministre, de sanctuariser l’ensemble des budgets de la culture dans les années à venir.