Intervention de Jean-Christophe Belliard

Réunion du 2 octobre 2013 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Jean-Christophe Belliard, directeur d'Afrique et de l'Océan indien au ministère des affaires étrangères :

Concernant la RCA, la question posée est la suivante : la France a-t-elle vocation à régler toutes les crises africaines ?

Depuis la création de l'Union africaine, les Africains considèrent qu'ils doivent gérer leurs propres affaires. Dans le cas du Mali, les autorités françaises se sont interrogées sur la capacité de l'Afrique à intervenir dans un court délai. Lorsque la ville de Konna est tombée, en cas d'inaction, le risque était de laisser le Mali devenir un pays terroriste. La région n'était pas en mesure d'intervenir, du moins immédiatement. Quelques mois plus tard, les Africains nous ont remerciés d'être intervenus, mais ils ont également exprimé leurs regrets de ne pas avoir eu la capacité d'agir.

L'idée de doter l'Afrique d'une capacité de réaction rapide en cas de crise n'est pas nouvelle. Elle fait partie des projets de l'Union africaine depuis sa création. Nous savons que cela prendra du temps.

Avec la RCA, la question d'une intervention est posée de nouveau. Mais la France ne fera pas le même choix que pour le Mali. Depuis quelques mois, la France travaille avec la CEEAC. Alors que les Africains nous ont demandé de renforcer notre présence sur place – 600 hommes – nous avons, au contraire, annoncé notre intention de la réduire à 450 hommes afin d'encourager les pays de la région à se saisir du problème. Je pense que nous avons contribué à une prise de conscience de leur part que le travail sur le terrain leur incombait.

Nous n'avons pas vocation à envoyer plusieurs milliers d'hommes en RCA, comme cela a été le cas au Mali. Notre rôle aujourd'hui, en RCA, consiste surtout à mobiliser la communauté internationale, c'est-à-dire les pays de la CEEAC, l'Union africaine, l'Union européenne et les Nations unies afin, dans un premier temps, d'obtenir un soutien logistique des Nations unies à la force africaine, et dans un deuxième temps, de mettre en place une opération de maintien de la paix. L'Union africaine n'est pas dotée des capacités financières et logistiques suffisantes pour tenir ce rôle à long terme. Elle souhaiterait déjà pouvoir passer la main en Somalie mais le Conseil de sécurité s'y oppose, du moins à ce stade.

La France s'est, sur ce dossier, beaucoup investie. Elle s'est emparée du dossier de la RCA pour en faire une priorité. Le président l'a évoqué dans son discours devant les Nations unies et une réunion ministérielle, co-présidée par le Ministre, a été organisée sur le sujet à l'occasion de la semaine ministérielle. Après la Syrie et l'Iran, la RCA a été l'autre sujet important de l'Assemblée générale.

Le sommet de l'Élysée pour la paix et la sécurité en Afrique, organisé par la France les 6 et 7 décembre prochains, a pour objet de répondre à cette question : comment la France peut-elle aider l'Afrique à se doter des capacités pour intervenir demain dans une situation de crise comme celle de la RCA ?

Le problème de la RDC dure depuis cinquante ans. Comme au Nigeria, la solution passe par le choix de la forme étatique appropriée. Certains redoutent que le fédéralisme ne conduise à un éclatement du pays. Il revient aux Congolais de trouver un équilibre, fragilisé par certains de ses voisins. La question, dans la région, au fond est : comment remplacer les pillages actuels par la coopération régionale, et donc par un développement dans l'intérêt de tous.

Il est évident que les flux commerciaux des Kivu doivent aller vers l'Océan indien plutôt que vers l'Océan atlantique et bénéficier aux pays qui se trouvent à l'Est – Rwanda, Burundi, Ouganda, Kenya et Tanzanie. Cela devrait se faire de manière paisible, sans recourir aux violations extrêmes des droits de l'homme auxquelles nous assistons aujourd'hui. Le viol est une arme de guerre systématique. Il faut trouver un compromis entre les pays de la région, et mettre un terme au pillage et à la violence.

Il faut souligner cependant que la RDC redevient un sujet important alors qu'elle a été oubliée pendant plusieurs années.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion