Intervention de Jean-Christophe Belliard

Réunion du 2 octobre 2013 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Jean-Christophe Belliard, directeur d'Afrique et de l'Océan indien au ministère des affaires étrangères :

En RCA, après la première attaque de la Séléka en décembre, les accords de Libreville, qui prévoyaient l'intégration dans le Gouvernement de la Séléka devaient garantir la paix. Mais le président Bozizé, fort du soutien de l'Afrique du Sud qu'il pensait avoir trouvé, a cru pouvoir ne pas respecter ces accords. Les Sud-Africains se sont alors trouvés dans un imbroglio qui a coûté la vie à seize des leurs. Il est difficile d'intervenir en faveur de quelqu'un qui n'honore pas les engagements pris au terme d'un bon accord au demeurant. Le président a voulu aller trop loin et il a tout perdu.

Au sujet du Mali, le président Keïta a indéniablement une allure, une prestance et une vision. Il est légitime pour conduire le processus de réconciliation nationale comme il l'entend, y compris en appliquant les accords de Ouagadougou à son rythme. En outre, le président est d'abord un homme politique : les élections législatives approchent. Il souhaite obtenir une majorité avant de mener à bien un processus qui n'aura pas été décidé par d'autres mais par les Maliens eux-mêmes.

La relation de confiance que la France entretient avec le président malien permet de lui faire passer des messages – qui sont aussi adressés à d'autres – quant à la nécessité d'oeuvrer à la réconciliation nationale.

À Madagascar, les nouvelles sont encourageantes. M. Rajoelina et M. Ravalomanana ne se présentent pas. 23 candidats se sont déclarés : cinq candidats se réclament de M. Rajoelina et cinq autres de M. Ravalomanana. Le nom des participants au second tour est imprévisible. C'est plutôt rassurant. La France ne soutient aucun candidat, elle félicitera, comme il se doit, celui qui gagnera les élections.

Aujourd'hui l'Afrique va mieux qu'hier. La démocratie est plus présente. Les conflits sont moins nombreux et ils sont davantage des conflits internes que des conflits entre pays. Face aux problèmes qui demeurent, il appartient à l'Afrique d'agir et elle en a la volonté politique. Comment donc aider les Africains dans cette voie ?

La coopération militaire n'est pas la solution. Elle a existé pendant cinquante ans au Mali où les militaires ont été formés. Mais que s'est-il passé dès la première attaque ? Il en va de même pour l'armée centrafricaine.

Le développement de l'Afrique est une chance pour la France et pour ses entreprises. La croissance annuelle est de 6 à 7 % pour l'ensemble de l'Afrique.

Preuve que l'Afrique réussit, tout le monde s'y intéresse, à commencer par les Chinois qui ont des visées économiques et commerciales. Ils ne s'intéressent pas à la sécurité mais ils ne bloquent pas les décisions au Conseil de sécurité sauf dans le cas du Soudan. Ils voteront sans difficulté une opération de maintien de la paix en RCA.

En matière de sécurité alimentaire, nous faisons un effort important en faveur du Sahel, qui est prioritaire. La participation de l'Europe est à cet égard un succès : la conférence des donateurs à Bruxelles a permis de récolter 3,3 milliards d'euros dont 600 millions de la part de l'Union européenne. Nous avons réussi à mobiliser les Européens. Nous souhaitons en faire de même pour la RCA.

La politique de la France repose sur sa capacité à mobiliser la communauté internationale plutôt qu'à agir seule. Pour le Mali, nous avons obtenu que l'Europe et les Nation unies prennent le relais.

En Somalie, les conditions de sécurité ne sont actuellement pas réunies pour permettre une intervention humanitaire alors que les programmes d'aide existent. MSF s'est d'ailleurs retiré du pays. Nous sommes confrontés à cette difficulté : la population a besoin d'être secourue mais elle ne peut pas l'être pour des raisons de sécurité.

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