Intervention de Marisol Touraine

Séance en hémicycle du 19 novembre 2013 à 21h30
Garantir l'avenir et la justice du système de retraites — Présentation

Marisol Touraine, ministre des affaires sociales et de la santé :

La réforme qu’elle a présentée en 2010, qui devait être la dernière et sauver notre système de retraites, a fait reposer l’essentiel de l’effort sur le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite. Aujourd’hui, de manière cohérente, la droite a exactement le même projet : repousser l’âge légal à 65 ans serait, à l’entendre, la seule et unique solution pour faire face aux défis de l’avenir. De nombreuses interventions ont été faites dans ce sens en première lecture.

Nous réaffirmons l’opposition du Gouvernement à cette démarche, comme nous avions affirmé, à l’époque, notre opposition à la réforme portée par le gouvernement précédent. Pour nous, la réforme des retraites ne peut être synonyme de régression sociale. C’est la raison pour laquelle nous faisons le choix de proposer un texte qui assume clairement la nécessité de rétablir les équilibres de justice dans notre système de retraites par répartition, à travers de très nombreuses mesures.

Je pense d’abord aux mesures concernant la pénibilité : 4 millions de nos concitoyens sont confrontés à des situations de pénibilité au travail et nous devons à l’évidence en tenir compte.

Je pense aussi à la situation des femmes, trop souvent ignorée lors des réformes précédentes. Si à l’évidence le système de retraites ne peut réparer l’ensemble des injustices accumulées par les femmes tout au long de leur carrière, il importe au moins qu’il ne vienne pas aggraver ou accentuer les inégalités qu’elles subissent.

Je pense, enfin, à la situation des jeunes, qui doit être le fil conducteur de nos ambitions puisque ce sont ceux qui expriment le plus fortement leur défiance ou leur incertitude à l’égard de notre système social et de retraites. Si nous voulons que les idées de cohésion et de solidarité qui fondent notre pacte social ne s’éteignent pas, nous devons apporter des réponses responsables quant à notre capacité de faire vivre ce système dans la durée.

C’est la raison pour laquelle nous devons assumer clairement d’apporter des solutions au déficit financier que connaissent nos régimes de retraites : 20 milliards d’euros en 2020 et un peu plus de 26 milliards en 2040. Il ne serait ni responsable, ni juste envers les jeunes générations de laisser se maintenir et se creuser ce déficit. C’est pourquoi nous mettons en avant à la fois des mesures de court terme, qui doivent permettre de financer nos régimes jusqu’en 2020, et des mesures structurelles de long terme, qui reconnaissent l’allongement de l’espérance de vie et doivent permettre de faire travailler un peu plus longtemps celles et ceux qui vont avoir la chance de vivre plus longtemps.

Encore une fois, et ce sera ma conclusion, la réforme du Gouvernement veut articuler de manière étroite les enjeux de financement et les enjeux de justice. Nous assumons, je le répète, de promouvoir l’allongement de la durée de cotisation dans un pays qui peut s’enorgueillir de connaître un allongement important de son espérance de vie. Mais nous ne pouvons, dans le même temps, ignorer les inégalités qui existent face à cette espérance de vie, et il est donc juste et légitime de faire en sorte que la durée de cotisation ne soit pas la même pour l’ensemble des salariés, et que celles et ceux qui ont connu, pour des raisons personnelles ou professionnelles, des carrières plus difficiles, puissent partir en retraite plus tôt et bénéficier d’un soutien tout au long de leur carrière professionnelle, à travers par exemple des projets de formation et de reconversion professionnelle. C’est l’idée d’une meilleure prise en compte des parcours individuels qui anime fondamentalement cette réforme.

Exigence de responsabilité financière, exigence de responsabilité sociale : voilà ce que le Gouvernement propose. Je ne doute pas que nos débats seront approfondis et enrichissants. En tout cas, en proposant cette réforme, le Gouvernement a marqué un cap et proposé un équilibre et il reste attaché, à l’occasion de cette nouvelle lecture, à ce cap et à cet équilibre.

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