La RT 2012 a effectivement incité aux innovations, et j'en veux pour preuve le développement des nouvelles générations de chaudières à condensation, qui peuvent aujourd'hui moduler leur puissance dans un rapport de 1 à 20, de moins de 1 kW jusqu'à 28 kW ; cette technologie a été mise au point prioritairement pour répondre aux besoins des bâtiments neufs, mais peut être utilisée aussi en cas de rénovation des bâtiments existants. Deuxième exemple d'innovation : la chaudière hybride, association d'une chaudière à condensation et d'une pompe à chaleur électrique, qui permet de disposer, à tout moment de l'année, de la plus pertinente des deux technologies. Troisième exemple : le chauffe-eau thermodynamique, mais on pourrait encore évoquer le chauffage solaire et les pompes à chaleur. Bref, à l'époque où je suis entré dans la profession, il était difficile d'échapper à l'alternative entre chaudière à gaz et convecteur électrique, aujourd'hui l'offre technologique est sans commune mesure.
Les enjeux essentiels des économies d'énergie concernent effectivement la rénovation, sans perdre de vue que les consommations électriques « mobilières », évoquées précédemment, vont devenir bientôt une question incontournable, car elles représentent dès aujourd'hui le premier poste de dépense énergétique dans les logements respectant les nouvelles normes thermiques.
La rénovation est un gisement important d'économies d'énergie, et notre approche repose sur deux préconisations : d'abord redonner confiance aux ménages, ensuite maîtriser le gain de performance et le coût des travaux. Pour réussir une rénovation, il faut tenir compte de quelques grands principes :
- premièrement, il faut viser d'emblée un niveau de performance ambitieux, à savoir soit un label « HPE Rénovation » (Haute Performance Energétique), soit un label « BBC Rénovation », qui ramènent la consommation en moyenne à 150 kWh par mètre carré et par an, pour le premier, et à 80 kWh pour le second ;
- deuxièmement, il convient de rénover chaque poste avec les équipements ou matériaux les plus performants, ou tout au moins ayant le meilleur rapport « performancecoût », afin d'éviter d'avoir ultérieurement à effectuer un nouvel investissement ;
- troisièmement, tout doit partir d'un audit énergétique et financier, de façon à définir les bouquets de travaux les plus pertinents pour atteindre la cible en matière de performance énergétique ; cet audit n'a rien à voir avec le diagnostic de performance énergétique tel qu'on l'entend aujourd'hui, car il doit aboutir à des évaluations chiffrées ;
- quatrièmement, le séquencement des travaux nécessaires doit être optimisé, ce qui est essentiel pour tirer le meilleur parti des investissements à réaliser, dont le temps de retour est parfois important ;
- cinquièmement, il faut tenir compte des interactions possibles entre les différents aspects de la rénovation, notamment entre le renforcement de l'isolation et l'adaptation des équipements. Par exemple, la focalisation sur l'isolation peut être contreproductive si l'on maintient par ailleurs une chaudière très ancienne. On dispose aujourd'hui d'équipements qui permettent d'accompagner une rénovation par étape jusqu'à la réalisation de l'objectif visé de basse consommation.