Intervention de Jean-Claude Lenoir

Réunion du 29 octobre 2013 à 17h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Jean-Claude Lenoir :

Depuis 20 ans, pour tous les gouvernements successifs, la priorité des priorités est bien la réduction des gaz à effet de serre. À partir de là, il faut faire des choix judicieux, qui doivent combiner les atouts des différentes énergies : Jean Bergougnoux a mis en valeur, à juste titre, l'intérêt des équipements permettant le chauffage à l'électricité lorsque celle-ci est abondante et pas chère, et le basculement au gaz pendant les pointes de consommation. Il serait absurde de militer pour le « tout électrique ».

En m'appuyant sur mon expérience de terrain, je constate qu'il est urgent de mieux informer nos concitoyens pour leur permettre d'éviter de faire n'importe quoi. Les gens sont vulnérables, et les plus vulnérables sont les plus touchés. Ils acquièrent très cher des poêles à bois pour des maisons mal isolées, et les complètent avec des radiateurs électriques. Ils se laissent convaincre d'acheter des pompes à chaleur pour découvrir que les performances annoncées ne sont pas au rendez-vous. Le projet de loi sur la transition énergétique pourrait être l'occasion de remettre de l'ordre.

Mon analyse rejoint celle de Jean Bergougnoux s'agissant de la distinction à faire entre les zones géographiques desservies ou non par le gaz. Dans un département rural comme le mien, l'Orne, les zones desservies sont rares. Les organismes HLM qui construisent des logements sociaux dans les petites communes de quelques centaines d'habitants sont conduits, pour respecter les normes de basse consommation, à implanter des citernes de propane, alors que le coût de construction serait nettement moindre s'il leur était possible d'installer du chauffage électrique. J'ai déjà eu l'occasion d'exposer ces exemples dans plusieurs questions écrites au Gouvernement : la réglementation thermique a été conçue sans tenir aucun compte des zones non desservies en gaz.

Enfin, je voudrais revenir sur l'illusion entretenue en France sur la réalité énergétique allemande, qui reste fondée essentiellement sur le charbon en dépit des efforts sur les énergies renouvelables. Le charbon reprend même en Allemagne de l'importance au détriment de l'industrie gazière, qui commence à connaître des difficultés. D'une façon paradoxale, l'électricité importée d'Allemagne, particulièrement en période de pointe, est donc fortement carbonée. Il serait donc souhaitable de quitter les postures idéologiques pour reconnaître que la France dispose avec son parc nucléaire d'une électricité très faiblement carbonée, qui constitue un atout économique aussi bien pour le pays que pour les particuliers. Cela dit, il ne s'agit aucunement de nier les apports d'un mix énergétique équilibré : ainsi les perspectives de développement du biométhane sont tout à fait intéressantes pour les zones d'élevage comme celles de mon département.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion