Intervention de Pierre-Alain Muet

Séance en hémicycle du 28 novembre 2013 à 15h00
Rétablissement des avantages liés aux heures supplémentaires — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Alain Muet :

On déplace l’équilibre. Il s’agit d’une politique de partage du travail qui consiste à concentrer le travail, qui est rare, sur ceux qui ont déjà la chance d’avoir un emploi en oubliant les autres. Quel est le résultat ? On détruit, selon les simulations, entre 70 000 et 90 000 emplois.

Certes, les salariés qui réalisent des heures supplémentaires gagnent plus, mais ceux qui perdent leur emploi gagnent moins. Au total, le dispositif est complètement neutre : il n’a aucun effet sur le revenu global.

Nous ne partons pas de n’importe quelle situation. Comme l’Europe, notre pays connaît depuis six ans une croissance nulle. Qu’ont fait les Allemands en 2008 et 2009, au plus fort de la crise ? Ils ont instauré le Kurzarbeit, la réduction du temps de travail : ils ont fait en sorte que les salariés continuent à être rémunérés en travaillant moins, puisqu’ils n’avaient pas la possibilité de travailler plus. Voilà une politique intelligente qui a permis à l’Allemagne de réduire son taux de chômage malgré la crise.

Chers collègues de l’opposition, votre proposition va complètement à l’encontre de ce qu’il faudrait faire. Réintroduire cette mesure aujourd’hui est une aberration : certes, elle donne l’impression d’augmenter le pouvoir d’achat, car les salariés qui bénéficient de cette augmentation la perçoivent, mais ceux qui perdent leur salaire, leur emploi et se retrouvent au chômage à cause de cette mesure sont pénalisés.

Dans la situation actuelle, la seule mesure intelligente consiste à subventionner la première heure de travail, celle que réalise le salarié qui retrouve un emploi. La façon la plus simple de le faire, c’est de mettre en place des emplois aidés, les emplois d’avenir, comme nous le faisons. En donnant de l’emploi à ceux qui n’en ont pas, on distribue du salaire, du revenu, et on aide l’économie à repartir.

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