L'installation est la clé du devenir de l'agriculture dans la prochaine décennie, au cours de laquelle nous assisterons à un bouleversement du monde agricole. Au rythme actuel des installations, en particulier dans les zones défavorisées, la désertification des territoires va se poursuivre, ce qui est insupportable d'un point de vue tant économique que social et environnemental. Nous avons tout à perdre à ce que l'agriculture disparaisse de ces territoires.
Il faut sécuriser le revenu des agriculteurs au moyen d'une politique des prix. Sans perspectives d'avenir, les agriculteurs ne pourront pas résister.
Un autre aspect est celui du foncier. Les maires ruraux, que je connais bien, sont sollicités par des jeunes gens de plus en plus formés et pleins de bonne volonté qui ont décidé d'embrasser une carrière d'agriculteur, mais auxquels manque le foncier. Or, les élus n'ont aucun pouvoir. Il arrive que des exploitations qui permettraient d'installer un ou deux agriculteurs soient absorbées par un agrandissement intempestif qui n'améliorera même pas la qualité de vie de l'agriculteur preneur, pour qui il représentera surtout une surcharge de travail : c'est un cercle vicieux. Il faudrait donc donner aux élus des moyens d'agir sur le foncier. Cette démarche peut faire débat, car on pourrait objecter qu'elle porterait atteinte au droit de propriété, mais sans doute peut-on trouver les leviers permettant à chacun de trouver son compte.