Intervention de Carlos Da Silva

Séance en hémicycle du 3 décembre 2013 à 9h30
Questions orales sans débat — Situation des communes victimes de la mono-activité

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCarlos Da Silva :

Madame la ministre de l’artisanat, du commerce et du tourisme, nous observons, depuis plusieurs années, une tendance à un certain appauvrissement, au développement d’une forme de mono-activité qui affecte le commerce dans tous nos territoires, du moins dans les zones qualifiées, parfois à tort, de périurbaines. Le développement et la diversification des grandes enseignes, des hypermarchés, favorisées par les économies d’échelle et l’offre qu’elles proposent, ont conduit à une baisse des coûts à la vente qui ont largement entamé l’activité des artisans et petits commerçants, notamment dans le secteur du commerce de bouche et des services.

Aujourd’hui, certains secteurs de nos villes connaissent une forme de désertification de l’activité commerciale et des services de proximité. D’autres ont vu la diversité des commerces s’amenuiser et laisser place à une mono-activité qui entame fortement la vie d’un quartier et influe sur l’attrait même de l’ensemble du territoire communal.

Cette raréfaction est préjudiciable à plus d’un titre pour la vie locale. Elle conduit à une augmentation des déplacements, ciblés sur les zones où produits et services sont accessibles. Elle relègue certains quartiers, voire certaines villes, à un rôle de zone dortoir et sans âme.

Elle inflige, enfin, un coup extrêmement dur à un secteur d’activité, l’artisanat, qui porte en lui une partie des espoirs de la reprise économique à l’échelle du territoire national. Il en est ainsi à Corbeil-Essonnes, dont le centre-ville, autrefois animé par la vie de ses commerces de proximité, a vu peu à peu disparaître la majeure partie de son artisanat. Ne demeurent plus, pour l’essentiel, qu’enseignes de restauration rapide, assurances et banques.

C’est un cercle vicieux qu’il nous faut briser d’urgence. Nous avons connu, pendant dix ans, des choix économiques qui ont malheureusement débouché sur les effets que nous connaissons aujourd’hui en France : un tissu industriel en voie d’extinction, des filières artisanales sous-considérées, une valeur travail de manière générale galvaudée et dévaluée. Au « travailler plus pour gagner plus », il nous faut aujourd’hui opposer le « travailler bien, et différemment ». Nous devons pleinement soutenir un secteur laissé pour compte depuis de trop nombreuses années.

L’artisanat, vous le savez mieux que quiconque, madame la ministre, par l’offre de biens et de services qu’il propose, est un formidable pourvoyeur d’emplois et de formations qu’il nous faut préserver pour préparer la France de demain. Il représente 1 million d’entreprises, plus de 3 millions d’actifs, 300 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an et plus de 400 000 emplois créés ces sept dernières années. Il est un secteur stratégique, sur lequel nous devons capitaliser pour sortir de la crise.

Vous allez inscrire dans le projet de loi relatif à l’artisanat, au commerce et aux très petites entreprises un volet relatif au renforcement de la diversité des commerces dans les territoires. Je souhaiterais donc que vous puissiez me préciser les modalités d’application de la loi qui favoriseront, sur le territoire des communes en proie à cette situation, l’émergence d’un processus de revitalisation du commerce et de l’artisanat.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion