Intervention de Élisabeth Guigou

Séance en hémicycle du 3 décembre 2013 à 9h30
Questions orales sans débat — Conditions de travail et de vie des enseignants en seine-saint-denis

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou :

Mesdames les ministres, en l’absence de M. Vincent Peillon, c’est à vous que j’adresse cette question. En Seine-Saint-Denis, la rentrée de septembre s’est bien passée, car nous avons pu compter sur la création de 150 postes supplémentaires, dont soixante pour reconstituer le vivier de remplaçants détruit par les suppressions de postes successives décidées par les gouvernements précédents. Je remercie vivement M. le ministre de l’éducation : grâce à ce renfort, cette rentrée a heureusement contrasté avec les rentrées précédentes.

Toutefois, les conditions de travail et de vie des enseignants en Seine-Saint-Denis restent difficiles, particulièrement dans les établissements d’éducation prioritaire. Différents facteurs y concourent : la concentration de la pauvreté et des difficultés sociales, le niveau plus élevé d’échec scolaire, la violence qui parfois se fait jour au sein des établissements, et pour les enseignants, la nécessité d’accompagner des familles et des élèves en grande difficulté. Ces difficultés font que chaque année, environ 25 % des enseignants souhaitent quitter le département. Seuls 6 % à 8 % de ces enseignants obtiennent satisfaction, contre 20 % au niveau national. La proportion d’enseignants originaires du département est faible et l’absentéisme y est plus élevé. Le désarroi des enseignants est amplifié par l’impression de manquer de perspectives. Les demandes de temps partiel, de détachement ou de mise en disponibilité semblent plus difficiles à obtenir ici qu’ailleurs.

Pour répondre à ces difficultés et encourager les enseignants qui restent plus longtemps sur ce territoire, il me semble nécessaire de prendre des mesures spécifiques pour la Seine-Saint-Denis. La formation permanente devrait être renforcée. L’emploi du temps des nouveaux professeurs des établissements d’éducation prioritaire devrait être aménagé pour leur laisser plus de temps de préparation de cours, d’observation et d’échange avec leurs collègues. C’est d’ailleurs ce que préconise le rapport PISA de l’OCDE, rendu public aujourd’hui. Il devrait être possible de mieux prendre en compte l’ancienneté dans ces secteurs difficiles par l’attribution d’une bonification indiciaire suffisamment conséquente au-delà de 15 ans d’enseignement en Seine-Saint-Denis, ou bien par le recours à des points permutations au-delà de 10 ans d’exercice. L’amélioration du régime indemnitaire mérite aussi d’être envisagée : une revalorisation de l’avantage spécifique d’ancienneté, une indemnité de sujétion géographique sont aussi envisageables.

Toutes ces propositions n’ont qu’un objectif : répondre aux exigences spécifiques de l’enseignement dans nos territoires. Au moment où M. le ministre de l’éducation nationale engage la réflexion sur la réforme du métier d’enseignant, ces mesures pourraient, à terme, faciliter le maintien et la stabilité des équipes enseignantes en renforçant l’attractivité du territoire de la Seine-Saint-Denis. Quelles mesures M. le ministre de l’éducation envisage-t-il de prendre pour soutenir les enseignants de notre département ?

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