Sur le plan judiciaire, nous sommes loin d'être au bout des procédures. Le CCE, qui n'a encore intenté que des actions en référés, pourra bientôt engager des procédures sur le fond. Les procès que nous avons intentés n'ont pas toujours été couronnés de succès, mais ils nous ont permis de recueillir des bribes d'information. Celles-ci montrent par exemple que l'usine a été démantelée et que sa production a été confiée à d'autres structures de Goodyear.
L'action au fond que nous allons engager représentera un enjeu considérable. Il s'agit de remettre l'usine en l'état, en d'autres termes, d'annuler toutes les opérations qui ont été menées clandestinement pour transférer son activité. Cela dit, ce n'est pas à coups de procès que nous sauverons Amiens-Nord, car un jugement ne permet pas de pérenniser des emplois et ni de donner un avenir à un site. Seul un projet industriel peut y parvenir.
Or M. Taylor a montré qu'il avait besoin de l'usine. Quand il a cessé de nous donner des nouvelles, nous nous sommes demandé comment il tenterait de reprendre l'activité agraire de Goodyear en Europe, qui représente 20 % de parts de marché. Nous pensions qu'il fabriquerait des pneus agraires ailleurs, par exemple en Amérique du Nord ou du Sud, et qu'il les importerait en Europe, comme le fait le producteur indien Balkrishna Industries Limited (BKT). Nous nous sommes trompés. Puisque M. Taylor a besoin de l'usine, même à titre provisoire, ce qu'il révèle en sortant de sa cachette, qu'il cesse donc de s'agiter, et qu'il examine la clause que nous lui avions adressée. On ne peut reprendre une usine qui emploie 1 173 salariés sans donner à ceux-ci les garanties qu'ils réclament.