Intervention de Isabelle Le Callennec

Séance en hémicycle du 23 octobre 2012 à 21h30
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2013 — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaIsabelle Le Callennec :

Quand cesserez-vous d'opposer public et privé ? Quand accepterez-vous de travailler à la meilleure complémentarité possible, à la plus grande efficience de l'offre de soins dans notre pays ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.) J'entends parfaitement les arguments de ceux qui disent que l'hôpital assume des missions que les cliniques privées n'assumeraient pas. Mais, lorsqu'elles se voient confier les mêmes actes, en vertu de quel principe les tarifs seraient-ils différents ? J'entends aussi parfois que les cliniques privées ne soigneraient que des personnes aisées, triées sur le volet. Quelle est la réalité ? Les hôpitaux publics reçoivent chaque année environ 8,5 millions de patients ; environ 3,5 millions sont accueillis dans les hôpitaux privés à but lucratif et 1,2 million dans les hôpitaux privés d'intérêt collectif. Où iront tous ces patients demain ?

Le deuxième exemple m'est inspiré par toutes ces insinuations sur les laboratoires et l'industrie pharmaceutique, dont vous donnez une image pour le moins sulfureuse et à qui vous infligez une cure d'amaigrissement sans précédent. Dans quel but ? Ces industries emploient plus de 100 000 personnes, investissent 12 % de leur chiffre d'affaires dans la recherche, comptent 200 sites de production en France, apportent 6 milliards d'excédent commercial à notre pays… Le monde n'est pas à ce point manichéen. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Septième et avant-dernière remarque : au cours de nos débats, la majorité que vous représentez s'est exprimée à plusieurs reprises en faveur d'une grande loi de santé publique, qui serait tant attendue. Avouez que cela prête à sourire, quand, au sein même du Gouvernement, un ministre et non des moindres puisqu'il s'agit du ministre de l'éducation nationale, évoque l'utilité d'un débat sur la dépénalisation du cannabis ! (Approbations sur les bancs du groupe UMP.) Et qu'une autre ministre propose l'ouverture de salles de shoot. Quel que soit le nom qu'on leur donne, le résultat est le même : vous légitimez et normalisez le trafic et la consommation de drogues. L'indignation des parents, qui vivent dans l'angoisse que leur enfant y touche, voire leur révolte face à de telles propositions, nous semblent donc particulièrement fondées, et nous les relaierons.

À l'inverse de ces déclarations dangereuses, nous aurions tellement apprécié de trouver dans ce PLFSS, la traduction d'une volonté réelle de favoriser la prévention de toute conduite à risque, notamment chez les jeunes, dont nous prétendons également connaître les difficultés.

Pour nous, la prévention, sous toutes ses formes, et quels que soient les publics, devrait faire partie intégrante de notre système de santé publique. Elle est gage d'amélioration de la vie quotidienne, d'implication des familles et de milliers de bénévoles, mais aussi source d'économies à terme. Elle doit s'exercer au plus près des territoires, et nous ne verrions qu'avantage à laisser des marges de liberté aux acteurs locaux dans le domaine de la prévention. Nous suivrons d'ailleurs avec beaucoup d'intérêt l'expérimentation du parcours de santé des personnes âgées en risque de perte d'autonomie, qui vise à prévenir les hospitalisations, expérimentation décidée, une fois de plus, par vos prédécesseurs.

Huitième et dernière remarque. À l'occasion de ce PLFSS, nous aurions aimé engager un débat dépassionné sur la refonte complète du mode de calcul des charges sociales et des taxes, sur leur affectation, sur la simplification des procédures, sur le parcours de soin et le rôle central des médecins généralistes, sur le soutien aux maisons médicales en milieu rural, sur le développement des communautés hospitalières, sur la restauration pérenne de l'équilibre des comptes et l'optimisation de la dépense sociale, sur la lutte contre la fraude. En somme, nous aurions voulu un vrai débat sur la redéfinition de notre modèle social.

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