Sans oublier le renforcement des parcours de soin des personnes âgées en perte d'autonomie et celui de la prise en charge de la petite enfance. Ajoutons que des propositions de réponses sont apportées au problème des déserts médicaux. Elles sont certes expérimentales mais elles sont destinées à être généralisées.
Il s'agit d'autant de signes positifs qui nous permettent d'ouvrir ce débat avec confiance et sérénité, tant il est vrai que nous revenons de loin. En effet, pendant des années, nous avons subi – nous les subissons d'ailleurs encore – des mesures rétrogrades telles que la multiplication des déremboursements, l'augmentation du reste à charge des patients, la multiplication des abus tarifaires, l'abandon de l'hôpital public, sans parler de la gestion calamiteuse des risques épidémiques – personne n'a oublié l'affaire de la grippe H1N1.
Cela dit, pour nous, écologistes, il faut aujourd'hui aller plus loin.
Il faut d'abord mettre en place et garantir une véritable démocratie sanitaire dans laquelle les assurés, les patients et les praticiens recouvreraient enfin un véritable pouvoir d'initiative et de responsabilité. Cette démocratie sanitaire que nous appelons de nos voeux s'appuiera sur une politique de prévention et de santé environnementale. L'éducation à la santé et l'indépendance face au lobby du tout-médicament nous garantiront une inversion des déficits et une population protégée, en bonne santé pour longtemps.
Pour passer d'une logique de soins, de réparation, à une véritable politique de santé, nous devons agir sur les causes environnementales, et repenser le système de soins qui doit être mieux coordonné et évalué, reflétant un pluralisme thérapeutique et pas seulement la performance technique ou la logique comptable. Dès lors, on pourra sourire de l'adage un peu cynique qui a fait florès selon lequel « un citoyen en bonne santé ne rapporte rien ». Nous sommes pragmatiques ; mieux vaut prévenir que guérir, les risques sanitaires ne sont pas une fatalité.
Les exemples de crise sanitaire se multiplient pourtant. Citons les cas de l'amiante, des perturbateurs endocriniens, des pesticides, de la malbouffe, des addictions. Les affections de longue durée touchent 12 % des patients mais elles représentent 48 % des dépenses. La mortalité par cancer est quinze fois plus élevée que celle liée aux maladies infectieuses. Les études montrent une progression des cancers de 63 % entre 1980 et 2000. Il résulte de cette seule évolution une augmentation des dépenses de santé équivalente au déficit de la sécurité sociale. Il s'agit évidemment d'un problème réel qu'il faut traiter, mais pour notre part nous proposons de commencer à agir en amont. Le nombre de diagnostics d'asthme a doublé en trente ans, tout comme l'ensemble des allergies ; l'épidémie de diabète, en grande partie provoquée par l'obésité, progresse chez les jeunes et les adolescents. Cela nous rappelle qu'un enfant sur dix en France est obèse avant l'âge de dix ans, deux fois plus que dans les années 80.
Cette crise sanitaire trouve ses origines dans nos modes de vie, elle a des causes environnementales mais également une dimension sociale. Les ouvriers sont trois fois plus touchés par les cancers que les cadres et professions libérales et cinq fois plus par le diabète.
Qu'en est-il du coût de ces crises et des scandales sanitaires ?
Le coût global des indemnisations des victimes de l'amiante depuis la création du Fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante est supérieur à 3 milliards d'euros.
Si on ne prend en compte que les dépenses liées à l'asthme, le coût du traitement des victimes de la mauvaise qualité de l'air s'élève en 2006 à 1,5 milliard d'euros selon l'IRDES, l'Institut de recherche en économie de la santé.
Sur tous ces sujets, nous sommes actifs et nous avons fait des propositions claires, en particulier pour la réduction de l'obésité. Elles concernent la lutte contre la malbouffe, les excès des industries agroalimentaires, la désintoxication de la junk food, source de nombreuses pathologies et de mal-être.
Nous sommes également sensibles à la régression de l'accès aux soins de nombreux jeunes et nous soutenons la mise place de mesures incitatrices leur permettant d'accéder plus facilement aux soins, que ce soit grâce aux complémentaires santé ou au tiers payant.
Nous refusons aussi la fuite en avant des dépassements d'honoraires. À ce sujet, nous ne sommes pas satisfaits de l'accord minimaliste trouvé aujourd'hui sous la pression du chantage des professionnels qui ne veulent pas reconnaître les scandales que cachent ces dépassements.