Intervention de Claude Bartolone

Réunion du 5 décembre 2013 à 11h00
Comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClaude Bartolone, président :

Je suis de plus en plus persuadé que le contrôle est l'avenir du travail parlementaire. La faible affluence de nos collègues ce matin doit nous inciter à réfléchir à la composition et au fonctionnement du Comité. Il n'est en tout cas pas question que nous en restions là sur un sujet d'une telle importance.

Malgré les conclusions du rapport PISA, l'école de la République fait son travail, et le fait toujours aussi bien, mais pour une partie seulement de la population et de nos territoires. Soyons clairs : pour les enfants pauvres, elle ne fonctionne pas, ou pas de la même manière. Le travail entrepris par Jean Pisani-Ferry sur ce que sera la France dans dix ans confirme que cette question est essentielle. Notre modèle républicain qui, comme le montrent tous les sondages, continue de séduire mais dont nos jeunes, en particulier, se sentent exclus, parviendra-t-il à se ressourcer ? À la différence d'autres politiques publiques, celle-ci, vous l'avez dit, ne manque pas d'argent. Or bon nombre de nos compatriotes ne rejettent pas le service public, mais ils veulent en avoir pour leur argent ; dans ce domaine, le moins que l'on puisse dire est que ce n'est pas le cas.

On parle d'amener 80 % d'une classe d'âge au niveau du baccalauréat, mais les promotions dans les universités – sauf à Sciences Po – comptent toujours le même nombre d'étudiants, alors qu'aux États-Unis, pour tenir compte de la démocratisation de l'enseignement supérieur, on a multiplié par quatre le nombre de jeunes accueillis à l'Université. C'est donc toute la chaîne qu'il faut repenser.

Il en va de même de notre modèle d'intégration, à la lumière des discriminations. C'est non pas par racisme, mais par facilité que bien des chefs d'entreprise cherchent à reproduire la « souche ». Dans les quartiers, les discriminations visent les enfants de pauvres, y compris lorsqu'ils sont issus de familles ultramarines par exemple, qui sont françaises depuis très longtemps – bien plus longtemps que ma propre famille ! Nous devons mettre des mots sur leurs souffrances car, n'étant pas évoqués, ils peuvent avoir l'impression de ne pas exister.

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