Intervention de Jean-Frédéric Poisson

Réunion du 5 décembre 2013 à 11h00
Comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Frédéric Poisson, rapporteur :

Notre rapport part d'un constat et d'un choix de méthode. Le constat, le voici : il y a trente ans, il était possible de faire des études à l'Université et de se payer un logement à Paris grâce à un petit boulot. En gagnant deux tiers du SMIC de l'époque, soit entre 2 000 et 3 000 francs, et en payant 600 à 800 francs de loyer mensuel pour une chambre de bonne, c'était faisable. Aujourd'hui, c'est impossible. Les étudiants ne peuvent donc accéder à l'autonomie sans aides. Voilà pourquoi nous proposons d'accroître les moyens qui permettent de financer ces aides. Voilà aussi pourquoi nous souhaitons que les partenaires sociaux négocient sur les conditions d'emploi des étudiants : aujourd'hui, il n'y a guère que McDonald's pour leur proposer un cadre adapté à leur situation. C'est donc sur le processus d'acquisition de l'autonomie, qui consiste à quitter sa famille et à entrer dans l'âge adulte, que nous nous sommes concentrés ; raison pour laquelle nous ne parlons pas davantage de la famille.

En ce qui concerne la place du monde économique, nous encourageons à développer les partenariats partout où cela est possible. Les différentes expériences que nous avons observées, où qu'elles soient menées, ne fonctionnent que lorsque les responsables de la formation des jeunes sont en contact avec le monde économique, soit parce qu'ils en viennent, soit parce qu'ils ont compris qu'il était avantageux d'en comprendre le fonctionnement. C'est aussi le cas de certaines équipes d'enseignants, même si elles ne sont pas aujourd'hui majoritaires. Dès lors, le monde économique est présent dans toutes nos propositions : l'élaboration du PDMF au collège, la découverte par les collégiens et les lycéens de l'éventail des métiers disponibles, la familiarisation des enseignants et des formateurs avec ce monde, etc.

À nos yeux, l'échelle pertinente pour le dialogue et la gestion est sans aucun doute la région, du point de vue stratégique et organisationnel. Mais pour nous, qui sommes deux fervents défenseurs du dialogue social territorial, ce niveau de pilotage doit être complété par l'échelon des bassins d'emploi, où les interlocuteurs naturels sont les partenaires sociaux. Ce dialogue social territorial inclut par définition les maisons de l'emploi lorsqu'elles sont présentes, donc les missions locales ; là où il existe une mission locale mais pas de maison de l'emploi, les acteurs du réseau sont généralement très actifs et disposés à conclure des partenariats spontanés. Le pilotage doit donc s'opérer à deux niveaux : la région, garante de la cohérence territoriale et capable de soutenir financièrement des dispositifs complexes en attendant leur simplification ; les acteurs sociaux du territoire, qui, connaissant le bassin d'emploi, peuvent définir de manière pertinente les aides, leurs bénéficiaires et le calendrier opportun. En d'autres termes, il faudra intégrer un volet territorial aux futurs textes sur le dialogue social, puisque les partenaires sociaux ne proposent pas spontanément de ce genre de dispositif.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion