Intervention de Joaquim Pueyo

Réunion du 4 décembre 2013 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJoaquim Pueyo :

Monsieur Danjean, madame Koppa, la résolution que vous avez adoptée le 21 novembre et celle adoptée par nos Commissions des affaires européennes et de la défense présentent une quinzaine de points similaires. Ainsi, la proposition n° 4 de notre résolution et la n° 7 de la vôtre concernent la mise en place de la coopération structurée permanente. Comme vous l'avez à plusieurs reprises souligné, le traité de Lisbonne recèle un potentiel important et mérite d'être mieux appliqué.

Les deux résolutions rappellent également la nécessité d'amplifier le mécanisme de financement Athena. Sur ce point, nous sommes même allés plus loin : il y a quelques jours, j'ai défendu un amendement à la loi de programmation militaire qui proposait d'exclure une part des crédits affectés par certains États à la sécurité européenne du calcul des déficits budgétaires plafonnés à 3 % du PIB. Même si cette mesure ne pouvait pas être adoptée immédiatement, certains pays s'opposant à ce principe, j'ai réussi à lancer le débat. Le Gouvernement a, de façon pragmatique, sous-amendé l'amendement pour le limiter à l'amplification du mécanisme Athena, qui devrait permettre de couvrir une partie des dépenses relatives aux opérations militaires menées dans le cadre de l'Union européenne.

Dans notre rapport, Yves Fromion et moi-même suggérions aux États de travailler à une meilleure harmonisation de la demande, sous l'égide de l'AED – organisme très efficace, mais actuellement sous-employé et qui mériterait d'être renforcé. Il faudrait également mettre en cohérence tous les dispositifs existants, tels que l'Eurocorps – qui permet de mobiliser 60 000 hommes – ou la brigade franco-allemande, dont le maintien fait maintenant question.

Nous semblons manquer d'une véritable stratégie européenne de sécurité et de défense, et je rejoins à ce propos Mme Koppa sur la nécessité de rédiger un Livre blanc européen. Seule la complexité de cette tâche nous a dissuadés de la mentionner dans la résolution. Il s'agit pourtant d'une question de fond car l'Europe ne pourra avancer sans une stratégie commune et des capacités en relation avec cette stratégie. Enfin, comme vous l'avez rappelé, il est nécessaire de construire une véritable industrie européenne de défense, et peut-être de mieux mutualiser certains outils.

La France a démontré son intérêt pour l'Europe de la défense, qui n'hypothèque en rien son engagement auprès de l'OTAN. Avec 1 200 hommes, notre pays a ainsi fait figure de premier contributeur aux opérations de l'OTAN qui se sont déroulées en Pologne il y a quelques semaines. Mais quel est l'état d'esprit des autres pays européens, tels que l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Pologne ?

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