Intervention de Bernard Deflesselles

Réunion du 4 décembre 2013 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBernard Deflesselles :

Je salue chez nos invités une absence de langue de bois rare dans les matières européennes, particulièrement lorsqu'il s'agit de défense.

Vous avez été très clairs. Comme vous, je n'attends pas grand-chose du Conseil de décembre. Vous ne dites en effet pas autre chose en exprimant le voeu que ce Conseil ne se cantonne pas à des déclarations et à des slogans, madame Koppa.

Les chiffres de la croissance des budgets militaires dans le monde sont éclairants : la progression est de 71 % pour la Chine, de 65 % pour la Russie, de 60 % pour l'Inde et de 40 % pour le Brésil. Tous les États-continents augmentent massivement leurs dépenses de défense. Et l'Europe ? Nous avons bien compris qu'il y manque une volonté politique. Le Parlement européen a essayé d'en faire émerger une et les rapports de votre sous-commission sont excellents ; mais cela ne débouchera sur rien en l'absence de volonté des gouvernements. Nous en avons un exemple avec le Mali. Je suis heureux d'apprendre qu'un contingent néerlandais de 380 hommes vient d'être déployé dans ce pays, mais j'ai pu constater avec mes collègues de la mission d'information sur l'opération Serval que l'engagement européen sur le terrain – à savoir un contingent de 500 hommes affecté à la formation des nouveaux bataillons maliens – n'était à la hauteur ni de nos attentes, ni de ce que veut faire l'Europe. La seule question qui vaille est celle que vous avez posée, madame Koppa : voulons-nous que l'Europe soit une puissance globale ou une puissance économique ? C'est le noeud gordien que nous n'avons pas encore tranché, faute de volonté des exécutifs des Vingt-huit.

Quant à l'AED, force est de reconnaître qu'elle n'a guère évolué depuis sa création il y a dix ans. Le seul projet européen de défense a été l'A400M. On a beau parler de cyberdéfense, d'industrie spatiale, il n'y a ni projet, ni budget. L'Agence se heurte toujours à l'Organisme conjoint de coopération en matière d'armement (OCCAr). Bref, il n'y a pas de souffle. Je crains que l'Europe ne soit vouée à rester un espace économique, avec un peu de solidarité peut-être, mais certainement pas à devenir une puissance à même de peser dans le monde de demain.

Il faudrait créer un Conseil des ministres de la Défense, avez-vous conclu. Ainsi donc, nous en sommes à nous poser cette question ! Tout est dit. Le rideau est tombé.

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