Intervention de Pierre-Alain Muet

Séance en hémicycle du 12 décembre 2013 à 15h00
Loi de finances pour 2014 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Alain Muet :

Je tiens tout d’abord à remercier M. le ministre, qui a beaucoup contribué à la qualité de nos débats en répondant systématiquement à nos questions. Je remercie aussi le rapporteur général pour le formidable travail qu’il mène et le président de la commission des finances, qui anime nos débats en commission.

Monsieur le ministre, je reprendrai les trois points que vous avez évoqués : la réduction des déficits, l’inversion de la courbe du chômage et le pouvoir d’achat.

Cette réduction du déficit se fait cette année majoritairement par une réduction des dépenses quoi est importante : elle est de 0,4 %, vous l’avez rappelé, monsieur le ministre, alors que, au cours des cinq années précédentes, l’évolution des dépenses était en moyenne de 1,7 %. Et surtout cette réduction est sélective : il ne s’agit pas d’un rabot ni de coupes dans toutes les dépenses, mais du choix politique de préserver un certain nombre de dépenses, de se montrer attentifs aux investissements d’avenir, à l’éducation, à l’enseignement supérieur et à la recherche. J’aurais aimé pour ma part que la culture soit inscrite dans cette préservation, parce que je considère qu’elle fait partie des investissements fondamentaux d’une société au même titre que l’enseignement supérieur, la recherche ou l’éducation.

La réduction des déficits se vérifie pour le déficit nominal. Ce n’est pas chose facile à une période où le déficit conjoncturel s’est creusé. L’Europe est en train de sortir d’une période de deux ans et demi de récession où elle a connu une croissance nulle et même négative dans de nombreux pays. Cette réduction se mesure encore mieux lorsque l’on prend en compte le déficit structurel, en faisant abstraction de la conjoncture : pour la première fois cette année, il revient en dessous des 3 %, atteignant 2,6 %, et descendra à 1,7 % l’an prochain, ce qui marque une rupture importante par rapport à la période 2007-2012 où il a a été supérieur à 3 %, atteignant même 3,5 % à 5 %.

Le CICE, qui produira tous ses effets en 2014, était tout à fait nécessaire. Certes, tous les pays d’Europe sont confrontés à un effondrement de la demande : c’est ce qui caractérise la récession actuelle, qui succède à un premier effondrement dû à la crise financière en 2009. Mais la France avait un problème spécifique de compétitivité, d’offres peu compétitives ainsi que de tension sur les marges des entreprises, trop faibles, qu’il fallait résoudre. C’est ce que fait le CICE, de façon intelligente, en permettant aux entreprises qui en avaient besoin d’agir dès 2013 sans peser cette année-là sur les ménages, et en pesant sur eux le moins possible en 2014 puisque la contrepartie passera surtout par une réduction des dépenses.

Je voudrais revenir d’un mot sur l’inversion de la courbe du chômage et sur le pouvoir d’achat. L’objectif du Président de la République d’inverser la courbe du chômage est parfaitement en adéquation avec la situation conjoncturelle de notre pays. Nous rencontrons certes des problèmes d’offre, mais ces problèmes se résolvent à moyen terme ; si nous sommes en récession, c’est parce que la demande européenne s’est effondrée. Cela touche tous les pays, y compris l’Allemagne, même si elle se porte mieux que nous parce qu’elle a abordé la crise dans de meilleures conditions de réduction des déficits en 2007-2008, et parce qu’elle avait depuis longtemps une bonne compétitivité.

Nous savons très bien que, dans la situation que nous connaissons, la contrainte principale tient à la demande. Quand on interroge les entreprises sur la contrainte qui pèse le plus sur elles, elles répondent à 50 % que c’est une insuffisance de commandes, alors même que l’ensemble des contraintes liées à l’offre touchent 14 % des entreprises.

Dans cette situation, nous devons être très attentifs à la réduction des déficits : c’est ce que fait le Gouvernement en sélectionnant bien les choix qui sont faits. Il faut surtout mettre l’accent sur l’emploi, massivement, et principalement sur l’emploi non marchand. En effet, l’emploi ne reprendra dans le secteur marchand que lorsque les entreprises auront retrouvé la croissance. Il faut donc actuellement mettre l’accent très fortement sur l’emploi non marchand : c’est la meilleure façon de donner à la fois de la confiance et du revenu.

La meilleure façon de donner du pouvoir d’achat dans la conjoncture actuelle, c’est de créer des emplois d’avenir, des emplois aidés, qui permettent de faire revenir vers l’emploi ceux qui n’en ont pas et donc de leur verser des salaires. C’est aussi la meilleure façon de faire redémarrer l’économie car, après une récession, c’est toujours le redémarrage de la demande qui entraîne le redémarrage de l’économie.

Pour conclure, je trouve que, tout comme le budget précédent, ce budget trace le bon chemin et nous permettra non seulement de sortir de la crise mais aussi de réduire durablement le chômage. De plus, il est l’illustration de ce qu’est la politique de ce gouvernement depuis bientôt deux ans : le redressement dans la justice.

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