Intervention de Patrice Carvalho

Réunion du 11 décembre 2013 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrice Carvalho :

La mondialisation a un impact incontestable et fort sur les territoires, cela a été dit. Par le perpétuel mouvement qui la caractérise, elle les installe dans un équilibre précaire.

Cette déferlante a produit des ravages dans les régions, les villes, les zones rurales – je pense, en France à l'abandon du charbon et du textile dans le Nord-Pas-de-Calais, l'abandon de la sidérurgie dans la même région et en Lorraine. La fermeture d'une grande entreprise déstabilise souvent l'ensemble du bassin d'emploi. Les territoires traditionnels et historiques d'implantation industrielle ont beaucoup souffert, et pas seulement dans les usines dépassées technologiquement : chaque jour on nous annonce des fermetures de sites et des plans sociaux dans des industries de pointe. Ce ne sont pas uniquement les canards boiteux qui s'en vont, ce sont aussi de beaux canards avec de beaux foies gras. (Sourires)

Les conséquences, ce sont le chômage, très au-dessus de la moyenne nationale dans ces zones, de grandes difficultés à rebondir, des disparités accrues entre les territoires. Certains espaces sont marginalisés dès lors qu'ils ne parviennent pas à capter les flux qui les traversent, sont frappés par des délocalisations ou sont des zones rurales. On crée ainsi des territoires à deux vitesses.

Autre conséquence, à l'échelle de l'Europe et du monde, le dumping social, avec la mise en concurrence des mains-d'oeuvre et des États. La course à l'abaissement du coût du travail est l'un des ressorts essentiels de la mondialisation, avec, d'un côté, dans les pays développés, des milliers d'emplois sous pression pour l'abandon des acquis sociaux, et de l'autre, dans les pays émergents, des salariés qui perçoivent des salaires dérisoires qui leur permettent tout juste de survivre.

La mondialisation débridée installe une anarchie dangereuse dès lors qu'elle n'est pas régulée, que le pouvoir des États diminue, que s'effacent les barrières douanières au nom de la sacro-sainte concurrence libre et non faussée. La pensée libérale, qui considère que le marché doit être laissé à son libre cours, est la pensée dominante qui préside aux destinées du monde. Il est temps que les peuples et les États reprennent la main pour faire prévaloir l'intérêt général sur les intérêts particuliers, qui sont aujourd'hui ceux de la finance transnationale. Nous avons besoin aujourd'hui d'une solidarité entre territoires, de protection aussi, mais cela ne peut découler que d'une volonté politique claire, d'une impulsion à l'échelle européenne pour privilégier, sur la mise en concurrence, les échanges entre États et le développement de leurs atouts. Nous en sommes loin aujourd'hui, il y a pourtant urgence.

Une dernière chose et ce sera ma conclusion, cette concentration des activités au niveau des métropoles est complètement contradictoire avec l'exigence de développement durable.

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