Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Séance en hémicycle du 17 juillet 2012 à 15h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2012 — Article premier, amendement 417

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

L'écart de compétitivité entre nous et nos principaux concurrents est le problème central.

Comme y faisait tout à l'heure allusion l'un de nos collègues, le Gouvernement a décidé de confier une mission importante à M. Sartorius pour étudier notamment les différentes stratégies industrielles que nous pourrions adopter. Sans doute M. Sartorius va-t-il pondre un rapport, mais il s'est déjà exprimé sur la question : il a notamment expliqué que le principal handicap de la France était que les charges patronales ne représentent que 23 % du salaire en Allemagne contre 49 % dans notre pays. Toujours selon votre expert, M. Sartorius, pour des niveaux de salaire sensiblement comparables, l'Allemand travaille généralement quarante heures, là où le Français ne travaille que trente-cinq heures, parfois moins. Cela suffit, dit-il, à expliquer un écart de compétitivité de 38 % entre les deux pays.

J'imagine que vous n'irez pas dire que c'est un incompétent, sans quoi ce n'est pas à lui que vous confieriez un rapport sur le redressement de la branche automobile et la stratégie industrielle française. Pourtant, c'est un constat qu'il faisait déjà il y a quelques mois.

Et, comme vient de le dire mon ami Charles-Amédée de Courson, certains d'entre vous, parmi lesquels le ministre de l'intérieur, même s'il est tenu à la solidarité gouvernementale, ont progressivement pris conscience que l'on ne pouvait continuer à faire peser l'intégralité de notre protection sociale sur le travail des seuls Français.

En réalité, l'article que vous nous proposez aura un effet : puisque vous refusez de faire financer notre protection sociale par la TVA sociale, c'est-à-dire par une partie du travail fait à l'étranger, par nos importations, vous la ferez reposer sur les seuls Français, et c'est ce que nous voulons vous empêcher de faire. En clair, vous ne leur laissez que le droit de payer leur protection sociale et d'acheter des produits étrangers qui ne paieront rien pour les assurer, ce qui ne fera qu'aggraver la distorsion de concurrence.

Je terminerai par un cri d'alarme. Vous promettez moins de compétitivité pour la France ; dans le même temps, vous commencez à annoncer l'arrêt des grands travaux, des hausses d'impôt, de la CSG et de la TVA sur la restauration. La TVA est donc bonne d'un côté, mauvaise de l'autre… On finit par ne plus rien comprendre, si ce n'est que vous nous menez tout droit à la récession !

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