Monsieur le président, messieurs les ministres, monsieur le président de la commission des affaires économiques, madame la rapporteure de la délégation aux outre-mer, messieurs les rapporteurs pour avis, mes chers collègues, nous abordons aujourd’hui un débat stratégique pour l’avenir de notre pays, celui de l’avenir de notre agriculture, de nos agriculteurs, de l’ensemble des travailleurs de la chaîne de production alimentaire et aussi de nos territoires.
Mais ce débat est sans doute d’abord stratégique pour l’avenir de l’humanité : les crises de la faim de 2008 ont montré que ceux qui pensaient que l’enjeu de la faim dans le monde était derrière nous se trompaient. Le principal enjeu du XXIe siècle, au-delà de la communication et du numérique, est celui de la nourriture pour tous. Aujourd’hui, 800 millions d’individus souffrent de la faim dans le monde ; en 2050, il faudra en nourrir 9 milliards. Ce défi nous oblige à penser des systèmes de production efficaces et durables : efficaces sur le plan productif, durables sur le plan écologique et social.
Edgard Pisani l’a dit avec force dans son livre Un vieil homme et la terre : « La sécurité alimentaire est la première des obligations du Politique ». L’agriculture est au fondement de notre civilisation. Depuis la révolution néolithique, il y a plus de dix mille ans, elle accompagne l’humanité et lui a permis de progresser en assurant la production alimentaire pour un nombre toujours plus grand d’humains.
Cela ne s’est pas fait sans impact sur les paysages, que les agriculteurs modèlent en fonction des systèmes productifs. Cela ne s’est pas fait sans dégât pour l’environnement, surtout lors de la seconde moitié du XXe siècle, qui a vu tous les sols s’appauvrir, les masses d’eau se polluer et un grand nombre d’espèces disparaître à une vitesse sans précédent.
La FAO l’a souligné, la perte de biodiversité agricole atteint des niveaux alarmants. Au nom d’une certaine idée de la productivité, nous avons fragilisé le devenir des agricultures. La disparition de la biodiversité agricole compromet gravement la sécurité alimentaire. Le paléo-anthropologue Pascal Picq rappelle que « la diversité est la matière première, la condition nécessaire de la sélection et, in fine, de l’adaptation. » Le message est clair : sans diversité, pas de vie possible à terme.
Monsieur le ministre, je veux saluer votre engagement pour le changement agro-écologique, une révolution pour l’avenir de nos agricultures.