Madame la présidente, monsieur le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, monsieur le rapporteur de la commission des affaires économiques, chers collègues, à la reprise de la discussion générale sur cette loi d’avenir, je veux souligner combien la priorité nouvelle donnée à l’élevage est attendue dans les territoires ruraux – attendue et espérée.
Dans les Deux-Sèvres, département qui concentre la moitié de l’élevage de la région Poitou-Charentes, le nombre d’exploitations a diminué de 30% en dix ans et de 42% s’agissant des petites exploitations. Dans le même temps, la surface moyenne a augmenté de 38% et 15% des prairies permanentes qui ont disparu au niveau national sont situées dans le département des Deux-Sèvres.
J’entendais hier un ancien ministre de l’agriculture se plaindre du déclassement de l’agriculture française dans la compétition mondiale. Mais ce déclassement, c’est le bilan de la politique menée ces dix dernières années ! Et j’ai été surprise de ne pas entendre un mot sur la crise de l’élevage dans l’intervention de Bruno Le Maire.
Des collègues de l’opposition nous disent que la priorité pour eux, c’est l’agro-industrie. Mais sans apport de matière, sans élevage, il n’y a pas d’industrie agroalimentaire.
L’industrie agroalimentaire deux-sévrienne, qui est un fleuron national, est menacée par la diminution des productions laitières, notamment de lait de chèvre dont le département est le premier producteur national. Et pour ce qui est du lait de vache, le Poitou-Charentes a perdu 6% de ses éleveurs en un an, soit l’équivalent de la production d’une coopérative.
Pour commencer, je veux donc saluer, monsieur le ministre, votre travail et vos efforts pour la réforme de la PAC. Le maintien d’une politique agricole commune n’était pas acquis pour la France. Elle est réorientée vers l’élevage, en particulier avec le paiement redistributif pour les cinquante-deux premiers hectares, même si je regrette que le scénario 3 sur la convergence à 100% des aides n’ait pas été retenu.
Je veux ensuite saluer cette loi d’avenir qui représente une rupture dans les orientations de la politique agricole. Il faut faire preuve de beaucoup d’aveuglement pour ne pas voir que la perte de compétitivité de l’agriculture française est liée à l’épuisement d’un modèle : celui d’une fuite en avant vers l’agrandissement, avec toujours moins d’emplois agricoles, moins de valeur ajoutée, moins de revenus, plus de pesticides, plus de pollutions, moins de biodiversité.
Pour la première fois, un ministre de l’agriculture reprend à son compte le concept d’agroécologie et en fait l’objectif central et cohérent de l’ensemble de sa politique.