Je souhaite faire quelques observations.
Tout d'abord, 60 % de la bière produite en France est brassée en Alsace, 54 % l'étant dans ma propre circonscription : cela permet de planter le décor.
Si vous lisez des livres scientifiques, vous constaterez que la bière est une boisson saine, lorsqu'elle est consommée bien entendu avec modération, et qu'elle remonte à la nuit des temps. C'est une boisson populaire, traditionnelle, faite pour les gens qui ont le goût du champagne mais le porte-monnaie de la bière : c'est donc une boisson pour les gens modestes.
La profession de brasseur est sinistrée : diminution de 38 % en quarante ans, mes collègues l'ont rappelée – je l'avais pour ma part estimée à moins 30 % en trente ans : nos chiffres concordent donc –, et hausse vertigineuse du prix des produits de base tels que les céréales, le houblon, l'eau et l'énergie.
Par ailleurs, la bière des ménages dont nous avons déjà parlé, c'est-à-dire celle vendue dans les hypermarchés, titre un taux d'alcool nettement inférieur à celui d'autres bières. Or, comme vous le savez, les hypermarchés n'ont pas pour première préoccupation la situation du fournisseur. Les brasseurs produisent ainsi souvent au seuil de la rentabilité, lequel est juste suffisant pour pouvoir préserver l'emploi et, si j'ose dire, pour maintenir la pression dans leurs brasseries.
Il faut souligner les efforts consentis par la profession – laquelle, je le rappelle, emploie 71 000 personnes – dans la réduction du taux d'alcool : de nombreux brasseurs produisent en effet d'excellentes bières sans alcool. Il faut donc arrêter de tirer sur le pianiste.
Les brasseurs en France sont des gens sérieux, qui cherchent à participer à l'effort tout à fait légitime de lutte contre l'alcoolisme. Permettez d'ailleurs à l'ancien principal de collège que je fus pendant dix-sept ans en zone franche à Strasbourg de vous dire que la bière n'est pas la boisson favorite des jeunes aujourd'hui : ils préfèrent, permettez-moi l'expression, se shooter.
Il nous faut donc raison garder, partager les responsabilités et débattre entre nous. M. le ministre a fait tout à l'heure une ouverture en faveur d'un débat concernant d'autres produits comme le tabac. Je souhaite donc que notre proposition de suppression de l'article 23 soit acceptée et que nous puissions débattre à l'avenir sérieusement et ouvertement sur les produits dangereux pour la jeunesse.