À ce stade de nos débats, les Françaises et les Français doivent être informés de quelques éléments. Tout d’abord, monsieur le ministre, quelles que soient vos qualités et la sympathie personnelle que vous inspirez, votre réponse est relativement surréaliste. En effet, vous avez organisé au cours de la matinée l’abandon d’un des rôles régaliens majeurs confiés à l’État par la nation au profit des féodaux d’aujourd’hui que sont les présidents de région. Ceux-ci pourront contractualiser comme ils le souhaitent et donner à leurs vassaux les financements nécessaires pour exploiter des terres, non pas en France, mais en Ukraine ou en Allemagne, où elles seront exploitées par de grands groupes capitalistiques.
Quelles seront les conséquences de votre projet de loi ? Toutes les exploitations entre 100 et 200 hectares disparaîtront à terme de ce pays ; ceux qui possèdent des exploitations plus grandes sont de toute manière dans une autre logique et survivront à toutes vos réformes. Vous maintiendrez ainsi une paupérisation, une prolétarisation de quelques petites exploitations. À court terme, vous tenterez d’avantager certaines zones d’élevage de montagne, mais elles aussi seront touchées.
Ainsi que je le disais tout à l’heure, depuis les années 1980, à chaque fois qu’un gouvernement socialiste est au pouvoir, il organise un système qui favorise d’un côté le grand capital et de l’autre une paupérisation et une destruction de toutes les entreprises indépendantes, aujourd’hui les entreprises agricoles. C’est donc exactement ce qui se produira : la féodalisation des aides européennes, la disparition d’une politique nationale ambitieuse, qui a toujours été une des forces de la France depuis plus de mille ans, et dans le même temps l’organisation politique du territoire avec l’utilisation de moyens tels que des animateurs ou la circulation de fonds.